Il est des retours que l’on ne soupçonnait pas mais qu’au fond de nous, on a toujours attendu. Celui d’Enhancer en fait définitivement partie. Une date unique cet été, et c’est au Cabaret Vert que la joyeuse bande de Cinglés a décidé de faire escale. On vous raconte pourquoi au travers d’une interview emprunte de bonne humeur et d’un naturel à vous couper le sifflet avec les trois chanteurs de la formation.
Comment ça va aujourd’hui ?
David : Alors écoute ça va très très bien, merci d’être venus nous voir au festival, ça fait trop plaisir que vous soyez là, brrrrah, brrrah, on est là ouais ouais ouais ! (rires)
Bill : T’as vu avec Enhancer, ça se passe comme ça, ouais ! Qu’est-ce-que tu veux, une dédicace ? Ouais !
David : Je me demande comment tu vas traduire « brrrah brrrah » en fait.
Bill : Oublie pas de corriger ses fautes de français aussi.
Comment vous sentez-vous à quelques heures de votre concert ?
David : Ben maintenant beaucoup moins bien avec cette intro bizarre. (rires)
Bill : On est ultra stressés, c’est pas possible ! (rires)
Nito : Décontractés.
Ça fait quand même un petit moment que vous teasez votre retour sur scène, notamment avec un concert en novembre avec Train Fantôme. Comment cela s’est-il organisé ? Qu’est-ce-qui vous a poussés à revenir ?
Bill : C’est pas vraiment un retour en fait. C’est un concours de circonstances qui a fait que monsieur (David, ndlr) est venu un jour me voir là ou je travaille, au Forum de Vauréal, et puis il a provoqué ma directrice en lui demandant « Quand c’est que tu nous fais jouer ? » et elle a dit « ben vas-y, banco! ». Et puis, comme un con, il faut qu’il assume ses conneries, on a repoussé plein de fois la date pour en trouver une qui nous corresponde… C’était un peu compliqué parce que David habite aux Etats-Unis, nous on a beaucoup de choses à faire aussi… Aujourd’hui, c’est un peu ça qui nous handicape le plus, les activités des uns et des autres. Mais on a réussi à faire cette date qui était un super kiff à la maison avec plein de potes. Et puis cette date du Cabaret Vert a été proposée par un pote tourneur du festival. C’est vraiment un concours de circonstances qui nous a poussés. Même si l’envie a toujours existé, le fait d’être confrontés à ces discussions, on s’est sentis obligés de le faire, ou devait la faire et on a réussi à trouver du temps pour construire quelque chose.

C’est donc pour cela que c’est la seule date en été que vous avez choisie.
David : C’est la date en exclusivité mondiale. Ce sera la seule date en 2023, on verra en 2024 comment ça se passe.
Train Fantôme, ce sont donc des amis également ? Ils sont au Cabaret Vert le même soir d’ailleurs.
David : Train Fantôme c’est un peu différent parce que on a tous des activités différentes. Toni a un groupe avec qui il tourne, Bill travaille dans une salle de concerts au quotidien, mon frère et moi on a une boite de production, les autres ont chacun leurs activités dans la culture. Mon frère et moi avec notre boite on a décidé de relancer un label pour redonner un peu d’énergie à des scènes alternatives, différentes du rap mainstream qu’on aime beaucoup mais qui est tellement dominant qu’on a voulu redonner un peu de l’énergie que nous on a reçue il y a quelques années à d’autres personnes. On a donc signé Train Fantôme pour leur donner une visibilité et aujourd’hui, ils font un travail formidable de leur côté. Dans le groupe, chacun s’investit de manière différente. Toni il est sur scène avec son groupe, Bill il est derrière avec la programmation et l’organisation de tournées… On est toujours dans ce mood et l’intérêt pour nous c’est de pousser les gens à gagner l’envie de donner de la force à une culture alternative, à du live, à des échanges, sans le téléphone, en direct.
Vous parlez de musique alternatives. Qu’est-ce-que vous pensez de la scène actuelle ? Elle semble obtenir un regain d’intérêt auprès du public. Qu’est-ce-qui pourrait expliquer cela ?
David : C’est cyclique déjà. On voit un retour à des vibes un peu différentes. Je pense que les gens ont envie de revenir à un truc un peu plus naturel, le côté humain est important. Je pense que dans tout ce qui est rock, l’humain et le contact y sont très importants. C’est totalement différent dans la pop ou la dance où il y a plus de distance. On veut donner de la force à tous les groupes, à tous les médias. Vraiment, chapeau.

Dans le domaine, il y avait la Team Nowhere avant qui regroupait un collectif de groupes alternatifs comme Pleymo, Vegastar… Est-ce-que ce ne serait pas l’occasion pour ces groupes de refaire surface, un peu comme Pleymo l’a fait en 2018 ?
David : Nous, notre leitmotiv c’est vraiment le plaisir. Je pense que c’est pareil pour Pleymo et pour plein de groupes issus du collectif ou d’ailleurs. Si vous prenez du plaisir et que vous avez envie de jouer, allez-y. Nous ce soir, on va jouer, c’est le mot. On ne fait pas un concert, on va jouer.
Bill : C’est comme les enfants quoi. Ils jouent avec leurs pleymo-bill. D’habitude je suis le champion des jeux de mots, là je l’ai même pas senti venir (rires).
Aujourd’hui, en quoi consiste la Team Nowhere ?
David : Team Nowhere en vrai, ça ne veut rien dire. C’est des gens avec qui on aimait passer nos soirées, on poussait cette énergie qui était commune avec des types aux styles totalement différents. Des styles comme ceux de Aqme, Pleymo, Vegastar, Enhancer,… Tout le monde était différent mais on avait la même énergie et envie de communiquer des choses. On a envie que les gens qui paient, se déplacent, reçoivent quelque chose de bien à leur tour. Ce soir, on s’est cassé la tête pour faire un vrai show, parc que c’est important que les gens qui se donnent du mal aient quelque chose en retour. Ce qui était intéressant dans ce collectif, c’était le fait de ne pas être coincé dans un style, on pouvait faire des chansons plus pop, plus metal, plus rap, il n’y avait pas de limites, c’était plus humain qu’un collectif purement « metal » où tu screames toutes les quatre secondes par exemple. Ce qu’il en reste aujourd’hui c’est ce côté humain justement et j’espère pouvoir transmettre ça à une nouvelle génération qui le fera à sa manière, sans nous ou avec nous, et que cette énergie permettra de créer de nouvelles choses.
Pour conclure, nous avons vu que vous étiez en répétition à l’Eden de Charleroi pour ce concert. Pourquoi là-bas ?
David : C’est tout simple : la raison pour laquelle on était à Charleroi, c’est à cause de notre ami Max (Meli, ndlr) de Back in the dayz, tourneur en Belgique. C’est lui qui nous a proposé cette date-ci au Cabaret, alors qu’il n’est pas tourneur en France, mais il nous a rencardés là-dessus. C’est un ami proche, qui nous aide, qui nous dit « venez faire ça, ça va être cool, faites moi confiance ». Alors il nous a organisé cette répétition, parce qu’il fallait bien qu’on répète au moins une fois… (rires). Donc ça s’est fait à Charleroi et on a passé un très bonne soirée d’ailleurs !
Est-ce-qu’une tournée est envisageable dans un futur plus ou moins proche ? Ou pas vraiment ?
Bill : En fait, ce n’est pas l’envie qui nous manque, c’est plutôt l’opportunité comme on le disait tout à l’heure. Nos dernières dates ici ce sont plus le fruit du hasard, un concours de circonstances. On s’interdit rien, l’envie est là, on en parle souvent, ça peut se concrétiser.
Toni : Ce n’est pas impossible. (sourire)
