Les Fatals Picards au Bataclan : de l’émotion à revendre

Il y a des dates qui peuvent marquer profondément la carrière d’un groupe ou d’un artiste. Ce 14 octobre 2023 restera forcément gravé dans la mémoire des Fatals Picards qui investissaient le Bataclan à Paris pour un concert à la résonance toute particulière. Retour sur un concert puissant, émouvant et évidemment humain.

13 novembre 2015. Dans le Bataclan, l’innommable. Dans la foule, Yves Giraud et Nathalie Jardin, respectivement bassiste et éclairagiste des Fatals Picards. Le premier sort vivant de la salle, la seconde deviendra une étoile aussi brillante que les lumières dont elle prenait soin sur scène. Près de huit ans après cette soirée, les Fatals Picards ont décidé de montrer qu’ils étaient plus forts que la connerie humaine avec une date à la symbolique incroyable.

Pour chauffer le public parisien, ce sont les Bagdad Rodéo (en formule RodUo) qui étaient appelés. Avec leur rock à l’humour toujours aussi noir et grinçant, les deux gaillards ont su se mettre l’assemblée dans la poche avec leurs morceaux Quand je serai mort ou Love, religion and sodomie à la thématique parfaite pour la soirée (le morceau faisant référence aux terroristes de Daech) pour ne citer qu’eux. Le groupe reviendra en janvier avec un quatrième album qu’il nous tarde déjà de découvrir !

C’est sur le coup de 20h30 (ou presque) que les Fatals Picards montent sur scène sous l’ovation d’un public venu encourager Yves et le groupe pour cette date très attendue. D’entrée de jeu, le ton est donné : ce soir, le quatuor va tout donner dans une ambiance bon enfant mais survoltée comme ils savent très bien le faire. Pendant près de deux heures, les Fatals vont délivrer une performance explosive oscillant entre classiques comme Bernard Lavilliers (qui visiblement enchante toujours autant Paul et sa mémoire extrêmement fiable), Coming Out et son message d’amour universel, Mon père était tellement de gauche chanté par Jean-Marc, La sécurité de l’emploi, le flamboyant rappel avec Dans un ciel de 1er mai, Noir(s) et Punk au Liechtenstein mais aussi des morceaux plus récents comme l’amoureux Morflé dédié à Linda (la femme de Paul), La prophétie des Vosges ou Les Playmobils complotistes. Cerise sur le gâteau d’une soirée qui n’en avait pourtant pas besoin : le groupe était ce soir accompagné sur plusieurs morceaux par un trio de cuivres redoutablement efficace.

Les Fatals Picards, c’est de l’amour, des chansons de gauche (n’en déplaise à Darmanin) et beaucoup d’humour. Mais lorsque le groupe revient pour le rappel et que Paul, la voix tremblante et les yeux embués, dédie ce concert à Nathalie, impossible de retenir une larme. Ce soir, les Fatals ont adressé le plus beau doigt d’honneur possible aux cons qui ne connaissent pas le sens de l’humanité. Enorme respect à Yves et à toute l’équipe pour cette soirée dont on se souviendra longtemps. Salut à toi !

Et toi, t'en as pensé quoi ?