Pour la première fois de sa carrière, Lorna Shore foulait les planches de l’Ancienne Belgique sur la plus haute marche du podium. Un concert intense, à la hauteur de nos espérances et de l’aura de la coqueluche du deathcore actuel.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos expériences passées avec Lorna Shore nous avaient laissé un goût de trop peu, que ce soit en première partie de Parkway Drive ou dans le Metal Dome du Graspop où un son saturé ne rendait pas hommage aux superstars du deathcore qui ne cessent de gagner en notoriété ces dernières années. L’annonce de leur passage à l’Ancienne Belgique nous avait donc redonné l’espoir d’assister à quelque chose de grand, à leur image.
Et nous n’avons pas été déçus du voyage. Les Hollandais de Distant ont ouvert la marque avec une force indéniable : des breaks lourds, de l’humour (une intro sur Bob L’éponge inattendue pour ne citer qu’elle), et un feat avec Will Ramos lui-même, qui n’a pas hésité à monter sur scène avant l’heure (prends ça, Loz Taylor). De quoi démarrer les hostilités, avant la tempête Ingested. Tempête puisque le frontman, Jason Evans, auto-proclamé « le slam king », possède un atout de taille : ses cordes vocales. Nous avons assisté à une véritable démonstration, à la hauteur de son égo surdimensionné, qui ne nous a pas empêché de passer un pur moment frénésie.
Rivers of Nihil clôturera l’enchainement des premières parties mais donnera comme un frein à l’ambiance survoltée qui s’était installée jusque-là. Son death metal technique ne décollera jamais vraiment, trop linéaire pour le faire. L’absence d’interactions avec le public tranchera avec la vivacité de ses prédécesseurs et finira de nous convaincre que pour profiter pleinement de son style, sa place n’était peut-être pas sur cette affiche…
L’arrivée de Lorna Shore nous fera toutefois rapidement oublier ces égarements. Welcome Back, O’ Sleeping Dreamer à peine entamée, nous voilà transportés aux tréfonds de notre âme. Parce que le quintet possède cette faculté à enfermer le public dans une bouteille, qu’il secoue pour le faire voyager dans un tourbillon d’émotions. Rage, tristesse, mélancolie ont façonné ce concert, un moment hors du temps comme on en fait peu sur la scène deathcore. Avec la setlist qu’on attendait (To The Hellfire avant le rappel, il était temps), Lorna Shore a répondu à toutes nos attentes, et a pu compter sur l’acoustique d’une salle taillée pour ce groupe, sublimant ainsi la trilogie Pain Remains qui a clôturé le concert. On en ressort conquis, bien qu’on le fusse déjà : il nous manquait juste une sonorisation à la hauteur de l’événement, et ce fut le cas.
