Quelques jours après la sortie de leur dernier album, Carnal, Nothing More a répondu à quelques questions concernant cet opus à la fois percutant et très personnel.
Comment vous sentez-vous, concernant la sortie de Carnal ?
Mark (guitariste) : Merci déjà de nous accorder cette interview ! Je me sens vraiment excité. Je ne pouvais plus attendre de dévoiler ce chiot au monde entier, et que tout le monde puisse enfin s’identifier à nos nouvelles chansons. C’était un long cheminement mais on en est vraiment fiers.
L’année dernière, vous étiez en tournée, puis vous êtes revenus en studio. Comment s’est passé le processus de création de cet album ? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
On a commencé à écrire cet album fin 2022. Historiquement, on sait qu’on peut parfois prendre beaucoup de temps pour écrire un album donc on a préféré commencé plus tôt le travail. On a d’ailleurs décidé de ne pas le produire nous-même cette fois. On aurait pu, mais cela peut prendre beaucoup de temps alors on a trouvé un bon créneau avec Drew Fulk, WZRD BLD. C’est un homme extraordinaire, en plus d’être un très bon médiateur avec de très bonnes idées de production.

Concernant les paroles, mais également la forme, cet album sonne vraiment très personnel, avec un focus sur vos émotions et votre passé. Je pense par exemple à House of Sand, Blame it on the drugs… La musique est-elle une échappatoire pour vous ? Une manière d’exorciser vos démons ?
Cet album est personnel, c’est certain, et c’est le cas pour tous nos albums. La musique a toujours été une forme de thérapie pour nous. Depuis la création de notre groupe, cela a été notre mantra de faire de notre musique un refuge pour nous et pour tout le monde. Par exemple, la musique m’a personnellement aidé à traverser de très mauvais moments, donc si je peux apporter du soulagement au travers de ma musique, alors je me dois de le faire.
Dans Carnal, on retrouve des interludes philosophiques, directement prononcées par Alan Watts, un philosophe très connu et parfois controversé. Quel est votre lien avec sa philosophie ? Comment vous-a-t-il inspiré ?
On a tous grandi dans une église américaine conservatrice. Mais dans chaque aventure, dont celle-là, il y a des hauts et des bas, et donc des moments qui vous donnent envie de faire fi de votre passé ou de remettre en question tous les aspects de ce dans quoi vous avez été élevé, en cherchant d’autres modes de pensée. Avec ce background, on a gravité autour de Alan Watts parce qu’il avait cette manière d’expliquer et d’imbriquer la philosophie orientale dans un contexte et un style occidental. Nous sommes aussi des admirateurs de Carl Jung, Thomas Guthrie, Eckhart Tolle etc. Tous nous ont vraiment aidés dans notre recherche spirituelle. Ils prêchent tous des idées communes concernant la présence, l’être et le contentement, des éléments phares pour le bien-être.
Ces interludes instrumentaux permettent également de former un tout cohérent en ce qui concerne nos albums, ça leur donne un fil conducteur. Par ailleurs, c’est aussi une bonne excuse pour faire revivre certains riffs qu’on aurait pas encore sortis, et dont on voulait qu’ils voient quand même la lumière du jour.

Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que vous combinez psychologie, philosophie et musique. C’était par exemple cas dans The Stories We Tell Ourselves, sorti en 2017, et dans Spirits sorti en 2022. Est-ce impératif pour vous de combiner tout ça ?
C’était également le cas pour notre album éponyme sorti en 2014 et même dans l’un de nos premiers, SaveYou/SaveMe (2007). C’est évident que nous aimons combiner les deux. On pense tous que la musique est thérapeutique, donc cela nous paraît naturel de rendre hommage à nos ressources spirituelles. On veut tout simplement partager ce qui nous a aidés par le passé, de manière à aider de plus en plus de personnes à chaque fois.
Cette philosophie, cette réflexion personnelle… Est-ce quelque chose qui manque aujourd’hui dans la musique ? Pensez-vous que d’autres groupes devraient se pencher sur ces questions ?
Oui, on pense tous qu’il y a une sorte de vide dans la mode dominante. C’est peut-être là que nous avons trouvé une certaine vocation. Bien que chaque chanson ne doit pas être ouvertement spirituelle et peut totalement être superficielle et jetable, évidemment.
En ce qui concerne les autres groupes, je ne pense pas que qui que ce soit devrait être forcé à écrire sur quelque chose dont il n’a pas envie. Je pense qu’ils doivent écrire ce qui leur semble naturel et ce qui les inspire. Nous sommes tous des personnes différentes, avec différents backgrounds, différentes expériences qui nous ont forgés en tant que créatures musicales. Je pense que la variété est importante dans la culture. Mais malheureusement, je ne pense pas que tous les groupes soient raccords avec eux-mêmes. Je pense que beaucoup sont poussés vers des sujets plus superficiels et qu’ils se découragent face à des thèmes plus profonds de peur qu’ils ne soient pas vendeurs. Dans Nothing More, nous sommes attirés par les extrêmes, des personnes avec un esprit unique, qui prennent des risques. Ce sont eux qui nous inspirent.
Au-delà de cela, certaines chansons sonnent plus pop, comme Blame it on the Drugs ou Down the river, qui ont l’air taillées pour le live. Est-ce-que c’est quelque chose à laquelle vous pensez quand vous écrivez, de développer quelque chose pour vos concerts ?
Parfois oui ! Parfois non ! Certains éléments dans le processus de création nous font penser à ce que le tempo, les breakdowns, les paroles vont donner en live. Et parfois, ces éléments prennent le dessus et dirigent complètement l’écriture. Dans d’autres cas, l’aspect live n’intervient pas du tout, et on écoute simplement ce qu’on a fait et on le forge dans le sens que l’on souhaite.
Est-ce-que vous prévoyez de revenir en Europe prochainement pour promouvoir Carnal ?
Oui ! Nous réfléchissons à plusieurs tournées européennes. C’est difficile de dire pour le moment laquelle va prendre forme, mais ce que je peux dire c’est que nous sommes impatients de revenir car nous pensons que notre histoire européenne est en train de s’écrire et nous serions ravis de la voir grandir !
