The Cure entre ombres et lumières

Depuis la sortie d’Alone on trépignait d’impatience d’entendre le nouveau disque des Cure. Plus de seize ans d’attente pour enfin écouter et savourer (?) ces fameuses Songs of The Lost World. On a pris le temps et on vous donne notre verdict !

Enregistré entre 2019 et 2022 dans la campagne galloise au Rockfield Studio, ce disque est produit par Robert Smith en personne en compagnie de Paul Corkett qui avait déjà travaillé avec eux pour l’album Bloodflowers. Toutes les chansons ont été écrites et arrangées par Robert Smith qui, rappelons-le, est à la tête du groupe culte depuis près de cinquante ans !

Cet album s’ouvre sur le single, Alone, qui a marqué le retour de The Cure et dont on avait fait les louanges à sa sortie. Dans And Nothing Is Forever, Smith parle de la crainte de se retrouver seul et de perdre l’amour de sa vie. Il incarne cette dernière dans les paroles de A Fragile Thing avec la basse bien lourde de Simon Gallup et la poésie du piano. Car une fois de plus, les thèmes abordés sont remplis de spleen, d’amour et de cette touche de noirceur mélancolique. On y retrouve avec nostalgie les rythmes qui ont marqué notre adolescence ou notre âge adulte (c’est selon) et qui parcourent tout le disque. Comme un petit-fils de Disintegration ou Pornography en quelque sorte. Et que dire alors de la voix de Robert toujours inchangée et qui procure toujours une émotion si particulière ? Mais pour Warsong et Drone:No Drone, l’électricité et la nervosité se font bien plus ressentir avec les guitares saturées et ce côté gothique un peu plus marqué là où I Can Never Be The Same est dédiée à son frère disparu et au deuil impossible. Très certainement la chanson la plus triste du disque avec ces petites notes de piano distillées ça et là. All I Ever Am semble peut-être la moins facile d’accès par rapport à l’ensemble car peut-être un peu trop classique dans sa structure. Le dernier chapitre de ce monde perdu et au titre évocateur d’Endsong est un chef-d’œuvre absolu coupé en deux parties et qui commence par une instru de près de six minutes d’une perfection folle avant de retrouver une dernière fois le chant fascinant de Monsieur Smith. On a, à chaque fois, tendance à mettre un cran ou deux en plus sur le bouton volume pour celle-ci !

C’est toujours un peu risqué pour un groupe de revenir après seize ans d’absence dans les bacs. Mais The Cure sait nous faire mentir avec un disque qui, même s’il ne contient que huit titres, en impose et demande du temps pour le digérer. Un parfait concentré de créativité et de maitrise qui en fait l’un des highlights de l’année 2024. C’est sans doute ça la définition d’un chef d’œuvre !

Et toi, t'en as pensé quoi ?