Stick To Your Guns, une graine qui continue de pousser

Avec Keep Planting Flowers, à paraître ce 10 janvier et signé chez Sharptone Records, Stick to your guns pourrait bien prendre un nouveau tournant dans sa carrière toujours florissante vingt ans après sa formation.

Si un album vous met une claque dès la première chanson, c’est souvent qu’on assiste à quelque chose de grand. On ne souhaite pas être dithyrambique non plus, mais force est de constater que Stick To Your Guns a mis les petits plats dans les grands pour sa dernière sortie, Keep Planting Flowers.

Après le succès retentissant de Spectre en 2022 (synonyme de 35 minutes de pur hardcore), il était difficile d’imaginer de Stick To Your Guns qu’ils puissent encore évoluer. Quelle erreur ! Si son prédécesseur a été efficace à bien des égards, Keep Planting Flowers frappe encore un peu plus fort en mixant des riffs hardcore brutaux et sans douceur avec des sons proches de la ballade, comme son titre éponyme.

L’engagement du groupe n’est certes plus à prouver, mais il se ressent d’autant plus fort dans cette succession de titres dont le message se veut cohérent et linéaire : il est toujours possible de faire bouger les choses ! Et, surtout, l’industrie musicale se retrouve bien pauvre de véritables artistes, engagés et convaincus. Le titre Severed Forever le dit très justement : « I trust no running dog ; I can’t trust anyone ; What are you so fucking proud of? Why are you so fucking scared? It’s unbearable! – Je ne fais confiance à aucun chien errant ; je ne fais confiance à personne ; de quoi es-tu si fier ? De quoi as-tu si peur ? C’est insupportable! »). Autre exemple, la « ballade » (on préfère mettre des guillemets étant donné le scream puissant et poignant de Jesse Barnett) Keep Planting Flowers en rajoute une couche : « I don’t know what you’ve endured But I know life can be such an unbearable reward So for those who’ve been truly devoured: keep planting flowers You were never invisible to me – Je ne sais pas ce que tu as enduré, mais je sais que la vie peut-être une récompense insupportable. Pour ceux qui ont vraiment été dévoré : continuez de planter des fleurs. Vous n’avez jamais été invisibles à mes yeux« . Enfin, de manière plus brutale, la chanson d’ouverture, We all die anyway, le crie clairement : « In spite of everything I won’t abandon myself for anything. There is no other way I might as well be brave. We all die anyway – Malgré tout, je ne veux jamais m’abandonner moi-même pour quoi que ce soit. Il n’y a pas d’autre chemin, alors je peux tout aussi bien rester brave. Nous allons de toute façon mourir. » Une fin fataliste qui signifie une chose : autant faire le bien si c’est pour mourir à la fin.

Des paroles qui résonnent là où ça fait mal, un peu comme le fait Stick To Your Guns depuis sa création en 2003. « Fight for yourself – Battez-vous pour vous-même« , scande également le groupe dans Eats Me Up. Une manière supplémentaire d’envoyer les sceptiques et les pessimistes se faire voir.

Les mecs de STYG n’ont jamais eu peur de dire ce qu’ils pensent, quitte à se faire des ennemis. Très largement orientés à gauche, le groupe n’hésite pas à s’engager dans sa musique et à fustiger la scène dans son ensemble tout en s’acceptant quelques supports, comme celui de Terror sur la très (trop) courte chanson Who Needs Who (54 secondes, c’est au moins aussi frustrant qu’un concert de Terror qui dure 40 minutes… Oh, wait.). Un interlude d’une puissance aussi intense que la frustration quand elle s’éteint. A celle-ci s’ajoute l’excellent H8F4, en collab’ avec Connie de Seeyouspacecowboy, une personnalité totalement en phase avec les convictions de STYG. Par le passé, elle exprimait notamment : « nous romantisons trop le négatif et l’obscurité de nos vies » ou encore « il n’y aurait aucun intérêt à écrire un album qui ne serait pas vrai. Il y a beaucoup plus de validité à écrire un album qui ne me dépeint pas sous mon meilleur jour, mais qui est moi. C’est ma vie« . Un adage qui colle parfaitement à Keep Planting Flowers, et qui devrait, dans un monde parfait, se généraliser dans l’industrie musical en général…

Et toi, t'en as pensé quoi ?