Bullet For My Valentine/Trivium : Un cadeau empoisonné

The Poisoned Ascendancy Tour de Bullet For My Valentine et Trivium avait tout pour nous enchanter, le 9 février dernier à la Lotto Arena. Il n’en fut rien, et la déception s’est d’ailleurs avérée immense.

La passion par la musique, ça ne s’explique pas vraiment, mais malgré tout, ça se construit. Lorsque adolescent, on découvre de nouvelles choses et qu’elles nous transpercent de part en part, on les garde en nous jusqu’à la fin de notre vie. Bullet For My Valentine fait partie de ces groupes qui ont façonné notre écoute, nos goûts et notre histoire musicale. En sortant The Poison en 2005, les Gallois ont donné un coup d’accélérateur au metalcore, à peine nommé à l’époque, et désormais le genre le plus mainstream de la scène metal. L’album était parfait : percutant, chantant et puissant dans ses paroles. Autant dire que l’attente était énorme pour une tournée anniversaire des 20 ans.

C’est en concertation avec Trivium que ce tour européen a finalement pu être réalisé en février. Deux salles, deux ambiances : au metalcore s’accouple le thrash, pour deux show d’une heure environ. Une première petite déception en soi, pour les fans de l’un ou de l’autre qui auraient sans doute apprécié quelques minutes de plus de leur groupe préféré.

La soirée commençait pourtant très bien avec Orbit Culture, étoile montante du death mélodique suédois, visiblement particulièrement heureux d’être là. Une première partie de qualité qui nous a mis l’eau à la bouche. On insiste : on attendait beaucoup de cette soirée, et notamment de la prestation de Bullet For My Valentine, idoles de notre enfance. C’est donc les yeux écarquillés qu’on a attendu le lancement de leur show.

Et là, c’est le drame. Le quator a disparu et a laissé place à des robots aseptisés. Sans âme. Sans émotion. Avec une maîtrise parfaite des instruments, certes. Mais surtout un manque flagrant d’envie d’être là. La faute à un snake pit annulé par manque de ventes ? A un passage en « première partie » de Trivium ? Difficile à dire avec certitude, mais le fait est que BFMV n’ont pas donné un centième de ce dont ils sont capables. On assiste à un enchaînement de titres similaires à ce qu’on attendrait d’une playlist en voiture. Quelques petites vidéos souvenirs par-ci, par-là viennent agrémenter un show plat et morne. Deux-trois phrases bateaux comme « vous êtes le meilleur public de la tournée » ou « merci d’être là depuis le début » apporteront le coup de grâce d’un gâchis déjà annoncé. Le constat est évident : les Gallois ont capitalisé sur la nostalgie, et ça a fonctionné sur une infime partie du public, décidée à chanter ses titres préférés. Mais capitaliser sur quelque chose auquel on ne croit pas soi-même, c’est synonyme de désastre assuré. BFMV n’ont plus envie de jouer The Poison, même si ça fait des années qu’ils ne le font déjà plus (Hand of Blood, Hit The Floor ou Cries in vain par exemple n’ont plus été chantées depuis un bail, en tout cas sur les huit fois auxquelles on a assisté). Mêmes les classiques Tears Don’t Fall, Suffocating Under Words of Sorrow et 4words n’ont plus l’air de procurer quoique ce soit en eux. Il aura fallu attendre Knives (dernier album), au rappel, pour sentir un peu de volonté. Serait-on tout simplement mal tombés ? Peut-être, parce qu’on avait été habitués à mieux. Mais pour une tournée symbolique comme celle-ci, un tel manque de respect nous semblait impensable. Une déception à la hauteur de ce que The Poison nous a apporté à l’époque.

Pour sauver les meubles, Trivium a assuré la fin du show. Egalement bien huilée, l’écurie s’est montrée plus joviale et en phase avec son public. L’intégralité de l’album Ascendancy a fait mouche, les classiques comme Pull Harder on the Strings of Your Martyr ont une fois de plus conquis la salle et les décors se sont avérés grandioses. Mais c’est tout. Une fois encore, on a l’impression d’assister à un spectacle millimétré, où les titres s’enchaînent sans trop réfléchir. D’une telle tournée, on aurait voulu en ressortir émus, nostalgiques, rêveurs. Il n’en fut rien. On a vécu un concert somme toutes classique, sans fioritures et sans l’étincelle qu’on attend d’une tournée anniversaire. Décevant, et on pèse nos mots.

Et toi, t'en as pensé quoi ?