thrown : une ascension fulgurante

En à peine un an et demi, thrown a pris une ampleur presque démesurée sur la scène hardcore. Le dimanche 20 avril, ils revenaient d’ailleurs pour la première fois en headline, dans la salle sold-out du Trix Club.

Ecumer les concerts, c’est l’assurance de découvrir de nouvelles pépites et de les voir grandir. C’est précisément ce qu’il s’est passé avec thrown depuis novembre 2023. En première partie de Emmure et Fit For a King à l’époque, les Suédois avaient proposé un show timide, manquant de maturité mais prometteur. Un an et demi plus tard, on se rend compte qu’on a assisté à la naissance de quelque chose de grand : une naissance prématurée peut-être, mais une naissance qui leur ouvrira les portes qu’ont franchies Knocked Loose avant eux, à n’en pas douter.

Mais revenons d’abord au début de cette soirée au Trix Club. Les Britanniques de Graphic Nature prennent le micro et se lancent dans un concert certes bien huilé mais sans relief. Une mise en jambes déjà vue, mais efficace, soit tout ce qu’on demande à une première partie.

L’atmosphère prendra un nouveau coup d’accélérateur avec la montée de UnityTX. Le groupe de rap metal enflammera la salle en un riff à peine et proposera pendant 30 minutes un véritable show à l’américaine. Les Texans ne réinventent pas la roue mais la font tourner avec beaucoup d’énergie, presque sans temps mort. On regrettera juste une ballade ennuyeuse pour les femmes dans l’assemblée, ramassis de miellerie convenue et stérile.

On n’était toutefois pas au bout de nos surprises et on doit bien admettre que si on attendait ce concert avec autant d’impatience, c’est aussi parce que la troisième première partie n’en était pas vraiment une. Les Japonais de Crystal Lake, références du metalcore progressif, ont en effet énormément pesé dans la balance. Il faut dire que les gaillards ont désormais 23 ans d’existence, bien que leur line-up ait changé à plusieurs reprises. Il n’en demeure pas moins un groupe colossal, avec une expérience dont thrown ne peuvent pas encore se targuer. Et ça se ressent : le show est brut, parfaitement huilé. La salle s’enflamme et les épaules se délient. Les classiques Watch me burn ou Hail to the fire mettront rapidement tout le monde d’accord et on pense presque assister à une tête d’affiche. D’ailleurs, le timing est le même : quarante minutes, c’est également le timing proposé par thrown (et leur unique album).

Ces derniers ont bien grandi : désormais, Marcus Lundqvist, le chanteur, se montre un peu plus bavard et s’adresse au public pour le remercier et lui annoncer ses chansons. Une dimension à laquelle il ne nous avait pas habitués jusqu’ici, se contentant avec ses collègues de proposer un show métallique en continu, sans interruption.

Rien de bien surprenant dans la setlist : avec un seul album, c’est bien difficile de surprendre. Mais thrown parvient toujours à frapper là où ça fait mal, avec des hymnes (déjà !) comme on the verge ou guilt. En tout cas, le public les attendait de pied ferme. L’ambiance est survoltée, et cela ne fait aucun doute que l’aura du groupe a évolué de manière exponentielle.

Mais c’est tout. Parce qu’une ascension aussi fulgurante que celle-là ne laisse pas le temps aux artistes de se retourner. Si thrown a grandement évolué en un an et demi, il faut reconnaître qu’il faudra encore un peu plus de temps au groupe pour véritablement s’installer en tant que référence sur la scène hardcore. Le potentiel, ils l’ont. Les tubes, ils les ont. Les fans, ils les ont. Mais la maturité, elle, doit encore faire son chemin. On regrette encore aujourd’hui les trop nombreux samples, l’absence de basse et un rapport timide au public (même si désormais, ils parlent !). Ça viendra. Mais pour cela, il faut leur laisser du temps. Et accepter que tout jeune groupe (depuis 2019, on le rappelle), doit balbutier avant de briller. Dans tous les cas, on sera là (à Alcatraz en août, déjà).

Et toi, t'en as pensé quoi ?