Architects n’est pas du genre à faire dans la dentelle. Et si la scène metalcore semblait s’effriter ces dernières années, les Britanniques nous prouvent, avec leur huitième et dernier album Holy Hell, que le genre a encore de belles heures devant lui. Retour sur un opus qui fait d’ores et déjà figure d’exemple chez les initiés.
Une terrible claque dans le visage. A la première écoute, c’est l’effet qu’Holy Hell nous fait. Mais à la dixième, même constat : on ne se remet jamais totalement d’une telle gifle.
Le 9 novembre sortait donc le dernier album d’Architects mais aussi, et surtout, le premier depuis le décès en 2016 de Tom Searle, guitariste et membre fondateur du groupe avec son frère jumeau Dan, des suites d’un cancer qu’il couvait depuis trois ans. Egalement parolier, l’artiste savait souvent quoi dire et surtout comment. Avec Holy Hell, il a donc fallu composer sans sa plume dévastatrice. Mais c’est finalement un véritable hommage qui lui est rendu à travers onze titres tous plus poignants les uns que les autres.
Intro/outro, et la boucle est bouclée.
L’album démarre sur la mélancolie de Death Is Not Defeat, qui annonce la couleur et nous plonge dans cette atmosphère particulière, mêlant à la fois espoir et désespoir, les deux thèmes centraux forgeant cet opus. Une introduction qui fonctionne puisqu’elle résume l’entièreté de ce qui va suivre. La lumière que l’on aperçoit au bout du tunnel, en quelque sorte.
Les titres fanions que sont Hereafter, Modern Misery, Doomsday, Royal Beggars et leurs clips nous emmènent à leur tour dans ce que le groupe a de plus personnel, Doomsday en ligne de mire avec le poignant « They say « the good die young » / No use in saying « what is done is done » / cause it’s not enough / And when the night gives way / It’s like a brand new doomsday ».
Le frontman, Sam Carter, sait comment nous transmettre chaque émotion ressentie au moment d’écrire ces vers. Comment fait-il pour s’élever à 100 % à chaque intervention, nous l’ignorons, mais le fait est qu’aucune fausse note n’est à déplorer. Il en est presque effrayant de se dire que tout fonctionne. Que le malheur qui s’est abattu sur le groupe leur a permis de se hisser au sommet de la scène core.
Et si la recette fonctionne, c’est également parce qu’elle reste humble et que le fantôme de l’artiste génial qu’était Tom trône quelque part au-dessus de nos têtes. S’il n’est plus là physiquement, son aura subsiste au sein du groupe. En témoignent notamment la présence de quelques riffs enregistrés de sa propre guitare sur Doomsday ou encore le clin d’oeil à Lost Forever/Lost Together (album sorti en 2014 et en majorité écrit par Tom) dans le titre Holy Hell, avec le « Remember we were born to burn ? », en lien direct avec le titre Broken Cross, dont l’ouverture fracassante « God only knows why we were born to burn, oh ! » reste l’une des plus puissantes de toute la discographie d’Architects. Tom Searle ne brille pas par son absence, mais par les émotions qu’elle a suscitées.
Et comme s’il fallait encore enfoncer le clou, on retiendra le dernier titre de l’album, A Wasted Hymn, comme l’un des morceaux les plus bouleversants du groupe. « Can you feel the empty space? / Can you feel the fire at the gates? / Can you live a life worth dying for? » Quelques mots qui nous plongent à nouveau dans la mélancolie et clôturent cet album sur une note terriblement efficace.
Architects semble avoir atteint son paroxysme à travers Holy Hell, bien qu’aucun album ne soit à jeter avant celui-là. Nous dirons que le metalcore brille à travers eux. Là où Bring Me The Horizon s’est parfois perdu, les architectes se sont affirmés, et on bâti un édifice actuellement indéboulonnable.