Après leur très bon Plates coutures sorti en 2017, les rockeurs de Matmatah sont de retour avec leur nouvel album, le double Miscellanées bissextiles. Chronique !
Par où commencer…? Ce disque de Matmatah, ce n’est pas un disque comme les autres. Composé sur près de quatre années, il en ressort une sorte de condensé expérimental inattendu. D’entrée de jeu, les Bretons nous servent Erlenmeyer, un titre fleuve de 19 minutes inclassable, presque incompréhensible. Entamer un album sur une pièce d’une telle longueur était un pari très osé qui nous a déconcertés à chacune de nos écoutes plus complexifiées les unes que les autres par cette « intro » déroutante. Ils nous servent également plus tard Hypnagogia et Trenkenn Fissel, deux morceaux de 7 minutes plutôt inattendus, voire déstabilisants.
Hormis ces titres qui nous laissent plutôt sceptiques, le reste de cet album sonne comme Matmatah a toujours sonné, c’est-à-dire du rock aux sonorités bretonnes très efficace avec notamment cette flûte qui nous ramène à L’apologie, l’un des premiers grands succès du groupe français. D’ailleurs, parlons-en de ce titre ! Les Brestois proposent une suite à ce tube de 1998 avec La posologie où il n’est visiblement plus question de chanter les mérites de l’herbe magique mais plutôt de (faussement ?) se repentir de la consommation de produits pas très licites. Un beau clin d’oeil, il faut l’admettre. Ils nous gratifient également de deux chansons dans la langue de Shakespeare, Bet You And I, 3min39 de douceur candide, et le mélancolique Let’s Say It’s Alright, surprises qui jalonnent donc un double disque qu’on aurait envie de présenter comme attendu. Mais ne serait-ce pas là hypocrite de notre part de le présenter de la sorte ?
En effet, malgré un double album globalement similaire à ce que le groupe a pu proposer ces 28 dernières années, force est tout de même de constater que Matmatah a, avec ce Miscellanées bissextiles, tenté de nouvelles choses, de sortir des sentiers battus. Et on ne peut pas dire qu’ils le font mal ! C’est tout simplement compliqué, après une carrière de cette longévité, de convaincre avec de nouvelles choses. Alors même si cet album n’est pas le meilleur de Matmatah, même s’il peine à nous convaincre sur chaque piste, on ne peut qu’apprécier et saluer cet effort d’innovation dans lequel les Français se sont fait plaisir dans leurs compositions. D’autres auraient été plus frileux avec une carrière bien plus courte. War raok !
