Damien Saez enflamme le Cirque Royal

L’offre de concerts était costaude à Bruxelles ce 12 novembre entre Queens of the Stone Age, Rival Sons, Greta Van Fleet et Damien Saez. Mais comme, on dit : premier arrivé, premier servi ! Nous étions donc au Cirque Royal pour le retour de Saez.

Chaque tournée de Damien Saez est un événement en soi tant l’artiste se fait rare sur scène et en général (sa dernière apparition à la télévision remontant à 2010). Son dernier passage à Bruxelles, lui, datait de décembre 2019 à Forest National et ce dimanche, on s’était donné rendez-vous au Cirque Royal pour trois heures de concert !

Saez, c’est l’insoumis de la chanson française, l’artiste qui refuse de rentrer dans le moule de la modernité, le poète maudit du XIXème siècle. Depuis ses débuts il y a plus de vingt ans, Damien n’a eu de cesse de créer de la poésie, parfois magistrale, parfois douteuse mais sans jamais se trahir. Ce côté anarchiste, il transparaît autant dans ses textes que dans son attitude car derrière ses cheveux longs et sa barbe hirsute, pas de tenue de scène à paillettes ou de décor grandiose, juste un canapé, des guitares, des musiciens et la chanteuse Ana Moreau pour l’accompagner. Simplicité. Et lorsque la soirée commence sur A ton nom, c’est seul, guitare à la main, que Damien donne le feu vert à ce concert fleuve. C’est sur Ievgenuia et Télégramme, deux des titres les plus récents du chanteur qui font écho au conflit entre la Russie et l’Ukraine, que la salle va exploser à l’évocation du Tsar.

Malgré un entracte entre la partie acoustique et les titres plus pêchus (la première partie restant rock, n’en déplaise à notre voisine qui a passé son temps à hurler après le chanteur au point de nous faire changer de place), la soirée n’a jamais perdu en intensité tant les titres se succédaient minutieusement. Au menu de ce soir, des classiques comme A nos amours, Pilule, Tu y crois ou encore le culte J’veux qu’on baise sur ma tombe mais aussi des morceaux plus récents comme L’humaniste, Bonnie ou bien le bordel de Rue d’la soif. Mention spéciale à Ana Moreau qui interprétera Les Ex, une nouvelle chanson absolument remarquable qui vous arracherait un sanglot en quelques mots seulement. Avec la prestation de huit musiciens de haut-vol, chaque titre prend une dimension presque mystique car même si Damien n’est pas un vocaliste hors-pair, ses textes vous transpercent l’âme autant qu’ils peuvent parfois faire écho à nos vies.

C’est un Saez souriant, sarcastique, taquin et toujours aussi engagé que nous aurons retrouvé ce soir à Bruxelles. Pendant trois heures, le Cirque Royal a encaissé des décibels, des vivats dans un set entre concert, manifeste politique et recueil de poésie. Si certaines prises de position de l’artiste ces dernières années peuvent faire débat, il n’en reste pas moins impressionnant de ténacité sur scène dans des concerts généreux et humains. Il restera cet humaniste.

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