Interview : Matthew McDougal (Boundaries)

A quelques jours à peine de la sortie de l’album Death Is Little More, ce vendredi 29 mars chez 3DOT Recordings, Matthew Mcdougal, le frontman de Boundaries, nous raconte la genèse de ce projet challengant et innovant tant sur le fond que sur la forme.

Death Is Little More est prévu pour ce vendredi 29 mars. Comment vous sentez-vous à quelques jours de sa sortie ?

Matthew : Nerveux, excités… Tout ce qu’il y a entre les deux ! Je pensais que nos deux premiers LP’s m’auraient aidé à évacuer le stress lié aux parutions en général mais ça n’a pas du tout été le cas. Mais, plus que tout, je suis ravi de voir que beaucoup attendent l’album avec impatience. Les singles que nous avons sortis ont été largement appréciés par nos auditeurs, et on dirait bien qu’ils n’en peuvent plus d’attendre !

Le titre se réfère à « L’Enfer » de Dante, écrit il y a plus de 700 ans. Pourquoi ce choix et cette partie en particulier ? Comment traduirais-tu cela aujourd’hui ?

Pour être honnête, c’était une une totale coïncidence. Avant d’entrer en studio, j’ai passé énormément de temps à lire, regarder, écouter, consommer chaque média qui m’a semblé inspirant. J’ai lu ce vers, « Death is little more », et ça s’est ancré en moi tellement profondément et rapidement que j’ai su tout de suite que je venais de trouver notre titre. « L’Enfer » de Dante, ça raconte ce sentiment d’avoir craqué sur le chemin qui t’était tout tracé, et donc de revenir sur tes pas. Ça m’a parlé à de nombreux égards. Je fais de la musique depuis longtemps, j’ai presque 30 ans, j’ai passé pas mal de soirées à me demander si j’avais choisi la bonne voie, si je faisais ce qui était bon pour moi. Death Is Little More englobe tout ça et le sentiment que, peut-être, il n’y a pas vraiment de bon chemin, juste une lutte constante à laquelle nous essayons de survivre.

La première chanson, Turning Hate Into Rage, introduit l’album avec une rage pure, sans voix clean pour la rendre plus soft. D’une certaine manière, ça annonce ce qui va suivre. Ressens-tu le besoin de sentir cette rage toi-même pour écrire ? Est-ce-que c’est là que tu puises ton inspiration ?

Je ne pense pas. Je ne suis pas vraiment quelqu’un de haineux. Je ne suis pas violent, je ne suis pas rancunier, je suis attaché à la rédemption. Boundaries est simplement un groupe qui sonne « en colère », donc j’ai voulu écrire une chanson énervée. C’est une façon d’écrire que je n’utilise pas souvent mais j’avais vraiment envie de tenter cela pour une fois, comme une forme de challenge, et ainsi permettre à cette album de rester cohérent pour les nouveaux et les anciens auditeurs. Je pense que si tu écoutes une chanson avec un certain état d’esprit, ton expérience n’en est que meilleure. C’est toujours plus simple d’apprécier des thèmes revanchards si tu l’es toi-même.

Tu as dit lors d’une précédente interview que tu écrivais traditionnellement en fonction de ton expérience personnelle mais que cette fois-ci, il était plutôt question de « sentiment général ». Comment s’est passé le processus d’écriture ? Avais-tu l’impression de pouvoir prendre davantage de risques concernant les paroles ?

Le processus était très différent dans le sens où j’ai voulu écrire d’une manière qui me rendait moins vulnérable, mais qui m’a quand même fait sortir de ma zone de confort, en abordant différents concepts/styles. Il a surtout été question d’équilibre, finalement.

Vous avez eu la chance de collaborer avec Lochie de Alpha Wolf, Marcus de Invent Animate et de Matt de Kublai Khan. Pourquoi ce choix ?

Quand on a terminé Death Is Little More, on a senti que certaines chansons pouvaient aisément convenir à ces chanteurs, et que ça irait parfaitement avec leur style à eux. On savait d’avance qu’on voulait des featurings car nous n’en avions jamais faits avant. On connait ces artistes, à des degrés différents, et on a donc pensé que ce serait une chouette opportunité pour nous de collaborer et d’approfondir nos relations avec eux. C’était clair qu’ils pouvaient ajouter quelque chose de spécial à l’album. Peu importe ce que pensent les gens de ces featurings, nous sommes en tout cas très heureux de la manière dont ils ont été faits et on est surtout très reconnaissants envers nos amis, récents ou anciens, d’y avoir pris part.

Blame’s Burden se balance entre violence et émotions pures. On a l’impression d’avoir touché tes sentiments les plus profonds. Est-ce le cas ?

C’est très certainement l’une des chansons les plus personnelles de l’album et je voulais vraiment que ma performance vocale le reflète. J’ai refait certaines parties à de très nombreuses reprises jusqu’à ce que je sente avoir atteint mes toutes dernières limites. Je savais que je voulais écrire une chanson qui raconte les années que j’ai passées sous médication, en thérapie, pour me remettre de ma maladie et qui, surtout, raconte comment chaque jour est un combat et une petite victoire en soi. J’aimerais pouvoir m’effacer de la vie et des souvenirs des gens autour de moi, et simplement disparaître, mais je ne peux pas. Alors la seconde option, c’est de devenir la meilleure version de moi-même, et d’essayer d’avoir un impact positif sur ces personnes.

Musicalement parlant, vous explorez des techniques « challengeantes, » offrant constamment des sensations très différentes, entre mélodies et hardcore purs, et vos featurings y aident également. Comment avez-vous mis ça en place ?

On a pas mal de choses qui fonctionnent à notre avantage à ce sujet. D’abord, nous sommes très doués pour communiquer entre nous, donc quoiqu’un membre veuille sur une chanson, son idée est prise en compte. Une fois que l’on sait ce que l’on souhaite accomplir en tant que groupe, c’est plus facile de collaborer. Ensuite, on apporte chacun nos influences sur la table avec nos propres goûts musicaux. Tout ce qu’on écrit possède un petit quelque chose de chacun d’entre nous.


Vous tournez bientôt avec Bodysnatcher, Spite et Mouth For War. Est-ce-qu’on peut espérer quelques nouvelles chansons sur cette tournée ?

Vous pouvez totalement. On a planifié cela de manière tout à fait intentionnelle, on voulait que l’album soit sorti avant cette tournée. On est super impatients en tout cas !

Et toi, t'en as pensé quoi ?