C’est d’une perspective non pas à vol d’oiseau mais bien interne, car ce n’est pas seulement en tant que spectateur mais aussi comme artiste de l’affiche du festival, que je m’attèle à la rédaction de ce compte rendu. Le BlueBird s’est déroulé samedi passé, non plus à Evelette, comme les années précédentes, mais pour la première fois à Ohey, dans un cadre plus grand mais pas pour autant moins bucolique et convivial.
16h : après un accueil chaleureux, début de mon concert sur la scène « Le Nid », cette petite nouveauté, conçue à partir de palettes de bois et spécialement pour des concerts plus intimistes tels que Emeline Tout Court et Gustave Brass Band. Le public, à la fois très curieux et participatif, est déjà présent en nombre pour cette après-midi, alors que les derniers festivaliers émergent du camping limitrophe après avoir ouvert leur propre palette. Par ailleurs, les programmateurs du BlueBird se voulant principalement éclectiques et désireux de mettre en avant les nouveaux talents ainsi que les artistes locaux (merci à eux !), ils répondent parfaitement à un tel public avide de découvertes. C’est donc ravi que je quitte cette scène après mon set, satisfait tant du public réceptif et enthousiaste, que des excellentes conditions qui furent offertes par le festival.

Je mets maintenant la casquette de rédacteur pour me diriger vers la Main Stage et assister au concert de Dalton Télégramme. Pour un groupe liégeois qui n’a plus grands choses à prouver, ils ont cependant mis le paquet avec leur western/folk alliant guitares rythmées et autres instruments bluegrass comme le banjo : du Johnny Cash moderne qui aura sans doute marqué les esprits de plusieurs spectateurs. La fin de l’après-midi est assurée dans une même continuité folk car c’est Louis Aguilar qui enchaîne sur la M’Jam Stage pour un concert des plus intimistes et d’un style avoisinant celui de votre serviteur-rédacteur. Ici, les festivaliers sont calmes, ébahis devant la simplicité du jeune français. Armé d’une seule guitare acoustique, Louis Aguilar ressuscite le charme de l’authenticité souvent perdue du folk étatsunien.

On change de registre côté Main Stage avec le rock de Valeero. Ce dernier a certainement pu réveiller les festivaliers encore endormis avec un (hard-)rock puissant, aux multiples distorsions et riffs de guitares énergiques. Bien que le style ne soit pas propice à une bonne compréhension des textes anglophones, l’efficacité du groupe ne s’en fait pas moins sentir. Ce problème n’était néanmoins pas au rendez-vous pour le concert suivant de Glass Museum. En effet, ce duo hainuyer piano / batterie, sans voix, appelait à une attention portée davantage sur la maitrise instrumentale. Avec leur univers propre et leur formation unique, laquelle est suffisante car les bass du piano remplacent aisément celle d’une vraie bass, Glass Museum pourrait bien être un des moments les plus forts et plus planants du festival, et il conquerra certainement de nombreuses autres scènes.

Place ensuite au hip-hop avec L’Or du Commun et Le 77, lesquels ont délivré des shows de qualité qui semblaient avoir convaincu la majorité des festivaliers. A l’arrivée de minuit, ce fut encore un excellent choix de programmation qui ouvrait la fin de la soirée précédant l’electro(-rock) : Robbing Millions (indie rock). Rappelant quelque peu le son de The War On Drugs, ce groupe bruxellois aux accents psychédéliques a produit une atmosphère captivante pour un public peut-être amorti des deux journées de festival (car le BlueBird est aussi précédé du Swing That Bird, lequel fut aussi un réel succès !).
Enfin, après un concert imposant sauce Duracell de La Jungle sur la M’Jam Stage, c’est le traditionnel duo electro-swing Dig It! qui a clôturé le festival sur la scène principale pour maintenir l’ambiance enjouée de la dernière heure.
En conclusion, avec une programmation musicale cohérente et variée, des activités non-musicales entre et pendant les concerts (poterie, jeux pour enfants, spectacles, etc.) ainsi qu’une équipe dynamique et accueillante, le BlueBird Festival n’a rien à envier aux plus grands festivals. Au contraire, il devient un oiseau rare, un festival qui contre la programmation exclusive des mêmes « produits » bancables et propose une ambiance conviviale dans un cadre bucolique et agréable, le tout à un prix abordable : un must.