Indochine: un retour français

Presque quarante ans de carrière et une dizaine d’albums, c’est presque un exploit dans le rock français. Pourtant, c’est le cas d’Indochine qui sort en cette rentrée un treizième album intitulé… « 13 ». Chronique !

Indochine, c’est le groupe qui n’hésite pas à prendre des risques à chaque fois qu’il sort quelque chose de nouveau. Après un « Black City Parade » brillant de réussite et très empreint de l’actualité de l’époque (mariage gay, manifs canadiennes…), on voyait pointer un groupe engagé dans les causes sociétales, c’était donc curieux que nous attendions la sortie de ce nouvel opus. En guise d’échauffement, Nicola Sirkis et sa bande avaient sorti l’intriguant « La vie est belle » qui offre de multiples interprétations textuelles avec une compo quelque peu figée. C’est donc dans le flou et excités que nous abordons la suite. Et quelle suite…

« 13 », c’est une sorte de journal intime et de panorama de la société actuelle. En effet, Sirkis se fait intime dans l’écriture, comme s’il faisait état de ses regrets, de ses désirs (notamment celui d’être encore là en « 2033 »), de ses peurs, bref, il se livre entièrement durant plus d’une heure et c’est beau et lucide comme dans « Station 13 » où il chante « tous mes héros sont morts ». Mais bien évidemment, il ne s’est pas limité à ça surtout dans le climat ambiant de ce monde : bien entendu, l’homophobie revient de façon assez récurrente et ce depuis plusieurs années déjà (souvenez-vous du tube « Marylin »), les droits des femmes sur « Suffragettes BB » ou encore la montée de l’extrême droite de Celle-Dont-On-Ne-Veut-Plus-Entendre-Le-Nom dans « Un été français ». En fin de compte, le chanteur emblématique de la formation se présente en tant que personne au sein de son pays et non en tant que chanteur.

Concernant la production et les compositions de cette nouvelle galette, il y a un travail poussé et réfléchi derrière l’ensemble des titres ; le groupe a décidé de se foutre des règles de formatage commercial car aucun titre (à l’exception de « 2033 ») ne fait moins de 5 minutes et le style musical est vachement plus new-wave que rock comme l’était par exemple « Alice et June » à l’exception de quelques titres pêchus comme « Karma girls » et « Song for a dream ». On sent clairement la liberté prise par Sirkis et ses musiciens pour la création de ce disque (à noter qu’après les départs de Shoes à la batterie, c’est Ludwig Dahlberg qui a repris les baguettes), et c’est un plaisir de voir qu’en laissant carte blanche à un groupe de l’envergure d’Indochine on arrive à quelque chose de personnel et somme toute très bon à tous les niveaux. Précisons également que, pour plusieurs chansons, le groupe s’est entouré de Kiddy Smile (« Tomboy 1 »), Asia Argento (« Gloria ») ou encore de Jean-Louis Murat (texte de « Karma Girls »).

En fin de compte, Indochine ne déçoit pas avec ce treizième album. Chaque nouveau disque est l’occasion pour ce groupe emblématique de tenter de nouvelles choses et de s’exposer à des risques et force est de constater que ces tentatives portent leurs fruits car les fans sont encore là en grand nombre et toutes les sorties sont couronnées de succès, amassant même un nouveau public. Pour profiter encore plus de cet album, on vous conseille la version deluxe avec, notamment, un titre assez explicite : « Trump le monde ».

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