Pour la sixième fois, le festival Les Solidarités a pris possession de la Citadelle de Namur durant le week-end dernier. Dès la matinée du samedi 25 août, les festivaliers ont déambulé sous un soleil timide qui s’est malheureusement laissé couvrir par les nuages le dimanche. Mais qu’il fasse ensoleillé ou pluvieux, Musically Yours est toujours dans le coin pour vous raconter ce qu’il s’y est passé !
Samedi 25 août, arrivée à 15h00 : il y a du monde à l’entrée et une fois passée la fouille au corps, on voit des dizaines d’adolescents courir vers la scène Le Maquis. Ah oui, le concert de Caballero & Jeanjass vient tout juste de commencer. On s’y dirige alors aussi pour voir le duo qui a la côte depuis un peu plus d’un an avec la sortie de leur premier album Double Hélice 2 (avec les tubes SVP et Sur Mon Nom). Et là, on se retrouve nez à nez avec un jeune public survolté qui enchaîne les moshpits. Les festivités ont donc bel et bien commencé et ne se termineront pas avant 02h00 du matin.
On rejoint ensuite L’Esplanade, autrement appelée Main Stage, pour y voir un groupe qui a déjà de la bouteille. Musique ensoleillée, un peu stylée tsigane, teintée de cuivres : oui, on vous parle bien des Négresses Vertes. Séparée en 2001, la formation s’est de nouveau unie en 2016 et a donc fait halte aux Solidarités pour réchauffer les coeurs. On est d’ailleurs convaincus que l’arrivée des rayons du soleil au même moment n’est pas un hasard. Si Les Négresses Vertes n’attirent plus autant les foules, ils jouent pourtant avec toute la passion qui les anime encore.

On est par après restés au même endroit pour accueillir le groupe suivant : Thérapie TAXI. Cette fois-ci, un vent nouveau souffle sur L’Esplanade. C’est un concert qui a commencé en gentillesse avec le morceau PVP pour monter crescendo avec Pigalle ou Cri des Loups, et finalement atteindre l’apothéose avec leurs deux hits qui ont connu le plus de succès, Hit Sale et Salop(e). Le public s’est démontré totalement réceptif, d’autant plus que Raphaël Faget-Zaoui, chanteur du groupe, a pris soin de communiquer et à se montrer proche avec lui. De quoi laisser de bons souvenirs aux spectateurs présents, surtout à ceux qui ont été invités à monter sur scène, danser, chanter avec lui.
Maintenant place à une nouvelle figure de la chanson française. Avec un premier album sorti quelques mois plus tôt et intitulé Cure, cet artiste fait parler de lui en raison de ses textes incisifs. Se considérant comme artiste non genre, Eddy de Pretto apporterait pourtant malgré lui un nouveau style à la musique francophone, un mélange entre rap, variété française et pop. Avec une voix comparable à celle de Claude Nougaro, il parle de sujets actuels touchant les jeunes générations : l’homophobie, la vie de banlieue, les relations parents-enfants, les apparences, etc. le tout greffé sur sa vie personnelle. Les adolescents n’ont donc aucun mal à s’identifier à ces paroles, ce qui rend De Pretto encore plus authentique et attachant.

La première journée des Solidarités s’est donc terminée avec les performances puissantes de Hyphen Hyphen, Alex Germys et Todiefor. Il était clairement question de faire la fête jusqu’au bout, de danser (clin d’oeil au sacré déhanché d’Alex Germys) et de vivre un moment inoubliable tous ensemble. On revient alors le lendemain sur la Citadelle à 14h00 environ. On prend le temps de visiter le site en dehors de L’Esplanade et de saliver devant la variété de food trucks tout en attendant avec impatience le concert de la chanteuse des Caraïbes.
Non, il ne s’agit pas de Rihanna mais bien de Calypso Rose. Avec 78 balais et plus de 20 albums à son compteur, ce petit bout de femme sait exactement comment mettre l’ambiance et donner de la voix ! Dotée d’un certain sens de l’auto-dérision, Calypso Rose n’hésite pas à relever sa tunique colorée pour mettre en avant ses pas de danse quelque peu rouillés, de quoi faire rire tout son public. Mais ses chansons n’ont pas l’unique but d’installer une atmosphère carnavalesque, car elles véhiculent pour la plupart un message de révolution, par exemple Leave Me Alone, Abatina ou No Madame. Elle demande aux femmes de ne pas se laisser faire par des hommes mal intentionnés. Pendant son concert, la Trinidadienne a d’ailleurs adressé quelques mots à ses spectateurs masculins : « never in your life raise your hand on a woman » (ndlr: ne levez jamais votre main sur une femme une fois dans votre vie). Cependant, l’anecdote la plus honorable à son sujet est indéniablement son appui au changement de loi visant à augmenter le salaire minimum des domestiques de son île natale, Trinidad-et-Tobago (son titre No Madame en est inspiré). À ce point engagée envers la cause des femmes, Calypso Rose méritait donc amplement sa place sur cette affiche des Solidarités 2018.

Cette deuxième journée des Solidarités a donc pris fin pour Musically Yours avec le concert de Piano Club & Friends. En effet, le groupe belge Piano Club avait pour l’occasion convié d’autres artistes belges à les rejoindre sur scène pour un concert d’une heure. Au lieu d’un groupe de 11 artistes, ce qui n’est déjà pas mal, le public avait alors affaire à un collectif de 14 artistes. Avec des compositions synthpop entraînantes, Piano Club s’impose comme l’un des groupes pop belges à suivre de près. Vous avez déjà certainement entendu sur les ondes leur tube Christine, que l’on pourrait facilement confondre avec une composition de Tame Impala. En live, le tout prend vie avec des allures de gospel et cela plaît énormément aux audiences de tout âge, tout simplement parce que leur formule varie totalement de ce que l’on connaît déjà. La formation s’avère donc être la plus belle découverte de cette édition des Solidarités.
La sixième édition de ce festival a représenté en réalité une belle opportunité de voir se produire des artistes pour la plupart provenant de pays francophones, nous rappelant que les meilleurs talents et shows ne se trouvent pas forcément de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlantique. Les Solidarités rime avec rassemblement, culture, partage mais également avec des valeurs humaines telles que l’hospitalité, l’égalité homme-femme, la multiculturalité, etc. De quoi faire ressortir d’une manière ou d’une autre son petit côté solidaire.