Starset : voyage introspectif fascinant

Sa promo nous promettait une incroyable aventure. Nous n’avons pas été leurrés. Ce vendredi, Starset lançait son troisième album, Divisions. Nous voila plongés dans un univers post-apocalyptique sombre à souhait, et dont seuls la bande à Dustin Bates a le secret.  A la fois proche de leur travail habituel et littéralement à des années lumières de ses débuts, Starset nous ramène cette fois sur terre après un long périple dans les étoiles. Une terre où les hommes sont désormais équipées du BMI (Brain Machine Interface) qui les transporte dans un monde parallèle, à l’opposé du monde réel. Mais surtout un monde qui les maintient hors du temps et sous le contrôle de la technologie.

Un tableau bien compliqué se dessine là. Et surtout bien amorcé par le premier morceau de l’opus, A brief history of the future.  Le ton est donné. La présentation est radiophonique et l’annonce est forte. « The real world needs to see the world for what it is: a cell, for the mind, body and soul ».  C’est parti.

Manifest, premier single et premier clip annoncé, s’élance alors et on part d’emblée sur du très, très lourd. La voix angélique de Dustin, poussée à son paroxysme dans cet album, rejoint les riffs de basses parmi les plus énergiques de sa discographie. Le contraste est fort. Le narrateur est omniprésent. Il nous accompagne dans son for intérieur, au plus profond de son âme. A travers Echo notamment, où ses pensées se bousculent, et où ses sentiments entrent en contradiction avec ses objectifs. « I used to be divinity, I used to be a god in my mind, Sailing in an odyssey, I didn’t know I was blind ».

On continue sur Where the skies end, deuxième single et clip des Colombusiens.  Alors que l’on sombrait dans la mélancolie avec Echo, cette chanson se veut plus optimiste. Le message : tout le monde peut aspirer à mieux. L’état actuel du monde (et des gens) ne définit par leur avenir. Ces expérimentations ne devraient pas avoir raison d’eux-mêmes… Ils se battent.

C’est peut-être pour cela que l’on souhaite créer la Perfect Machine. Ce cinquième titre prend un nouveau contre-pied du précédent, et le narrateur se montre sous un visage moins tendre mais lucide: « Lay your heart into my perfect machine. I will use it to protect you from me » . La suivante, Telekinetic, semble lui répondre directement : le cri de rage de quelqu’un qui se sent prisonnier d’une main de marionnettiste, « I’m just a puppet in your play ». Cette rancoeur se hurle littéralement pour donner le couplet le plus heavy de l’album et sans doute la chanson la plus percutante de toutes. Dustin Bates dévoile ainsi toutes les tessitures vocales dont il est capable et nous sert l’une de ses plus belles réussites.

Stratosphere nous enfonce de plus en plus dans l’expérimentation du BMI. On s’enfonce de plus en plus loin dans la simulation de la vie, comme si le voyage nous échappait du bout des doigts. On enchaîne sur Faultline, le morceau le plus catchy de l’album et évoquant sa relation à l’autre qui s’avère de plus en plus compliquée. Elle installe une forme de nostalgie qui se concrétise sur Solstice, qui dépeint l’avant BMI, avant donc que la technologie ne l’emporte sur le reste. Le narrateur veut fuir, et ainsi éviter le pire: « Don’t let me let go, don’t le met let the dark take over ». Nous appelle-t-il au secours ?

Mais il veut toujours se battre. Ainsi débarque Trials, de nouveau un morceau heavy mais moins alarmiste. Rien n’est perdu, « They’ll hear the violence, We’ll rise from the dark like Lazarus ».

Bien sûr, vous l’aurez compris, le narrateur est tiraillé. Sa lutte intérieure est contradictoire. A base de up et de down, Divisions nous transporte littéralement dans son combat. Waking up nous ramène dès lors au coeur de ses craintes, celles de ne pas pouvoir s’en sortir. « Am I a ghost in my own machine ? »  Non. C’est ce que souligne une fois de plus Other world than these, qui semble vouloir ouvrir les yeux au commun des mortels prisonniers du BMI. « You had eyes but sowed them shut ». Le dernier son heavy de l’album, et parmi ceux que l’on préfère.

Divisions se clôture sur le quatrième single du groupe, Diving Bell. Une ballade qui détend l’atmosphère malgré cette lutte continuelle d’un homme seul et désabusé. Une fin mélancolique mais toutefois pleine d’espoir. Un beau point final à un opus qui ne fait que confirmer ce que les fans savaient déjà : Starset ne déçoit jamais et fait partie de ces rares groupes qui continuent d’émerveiller en racontant une histoire. Rien n’est laissé au hasard. Ce disque n’est pas seulement un amas de morceaux réussis, c’est un tout à découvrir dans son ensemble. Et probablement à aller voir en live, puisque Starset ne lésine pas sur les moyens pour en mettre autant dans les yeux que dans les oreilles.

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