Alors qu’il n’a que 16 ans, Løyd, alias Maxence Lemaire, trouve l’inspiration en passant ses premières soirées au Fuse, célèbre boîte de nuit bruxelloise. Adepte du rock depuis son plus jeune âge, c’est vers l’électronique qu’il décide de se tourner, tout en conservant ses racines et son univers tirés de son enfance. En 2018, il se fait connaître notamment en faisant la première partie de Mustii lors de sa tournée 21st Century Boy. Aujourd’hui, il est booké en tant que headliner à l’Ancienne Belgique qu’il a d’abord connue en tant que support. Et les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là, malgré la situation sanitaire!
Avant de parler de ton ressenti sur cette année un peu particulière, j’aimerais évoquer ton premier album, Post-Apocalyptic Modern Art Gallery qui a fêté ses 1 an le 25 octobre. Et dont les thèmes, à l’époque plutôt du registre de la science-fiction, sont aujourd’hui sombrement actuels…
Løyd: Tu vois très juste dans la vision de cet album. Avec OD Temper, on s’est fait la réflexion en réécoutant Revolution, qui était sortie en mars 2019. On voulait faire un morceau d’anticipation et finalement on se rend compte qu’on est rentrés dans le vif de sujet en très peu de temps. C’est assez déroutant d’écrire et de composer dans ce prisme anticipatif et de foncer dedans à peine un an plus tard. On parle de jeunes qui ne savent pas trop comment sera leur avenir, et ici, ça nous donne une idée très claire de la situation…
Est-ce que la situation t’inspire davantage, d’une certaine manière ? Bien que tu n’en aies pas eu besoin jusqu’ici pour dresser un tableau sombre de la société…
Løyd: D’une certaine manière, ça frappe et c’est inspirant. Je remarque que des artistes comme Bring Me The Horizon par exemple ont sorti un album très personnel mais qui évoque des thèmes assez dystopiques comme je peux le faire. Forcément, une pandémie mondiale comme celle-ci, ça a un impact. Le contexte peut être inspirant mais je dois avouer que le confinement l’est un peu moins. J’étais tout le temps chez moi, et j’ai rapidement eu l’impression d’avoir fait le tour du sujet. Je me suis alors réfugié dans le cinéma, je faisais de nombreuses pauses films pour y trouver de l’inspiration. Puis, j’ai eu de la chance que le déconfinement arrive au moment où je commençais à craquer. J’ai retrouvé un tant soit peu de vie sociale et j’ai pu me ressourcer, puis reprendre les choses en main et prendre le recul nécessaire pour corriger ce qui n’allait pas dans mes productions.

Quelles ont été ces productions ?
Løyd: De base, j’ai un second volet qui est en route mais je ne veux pas lancer tout cela avant la reprise des concerts. Il sera dans la continuité du premier, avec des thèmes très actuels. Je ne sais pas encore comment ça va se passer dans la manière de faire, mais mon rêve c’est de jouer comme l’ont fait Justice ou Daft Punk avant moi, des sortes de mash-up du premier et du deuxième album et des morceaux taillés pour le live. Mais cela devra attendre, je laisse cela au frigo pour le moment. En attendant, des remixes de mon album ont été réalisés par d’autre DJ’s. J’ai également pu réaliser des mixes pour la chaîne Tipik en DJ set. C’est intéressant de passer sur ce mode-là. J’ai également préparé des démos, que je retravaille continuellement.
Comment s’est déroulée cette collaboration ?
Løyd: A la base, je passais sur Pure Trax qui a désormais laissé sa place à Tipik. Ils passaient mes chansons, et la collab s’est faite toute seule, comme ça. Au départ, on m’avait demandé un premier mix, puis les horaires étaient espacés. Au bout d’un temps on m’a proposé d’en faire tous les mois. J’en suis à six désormais, qui durent une heure chacun.

Et ce n’est pas la seule bonne nouvelle de cette année, puisque tu as également signé chez Sony !
Løyd: En effet, mais cela fait un moment que les choses se mettent en place. En 2018, alors que je tournais avec Mustii, je faisais une raclette chez un pote, qui m’a présenté une fille qui travaille dans le marketing chez Sony. Elle a parlé de mois au gars chargé du « recrutement », et il était assez branché électro. On s’est vu en février de cette année, avant les D6bels Music Awards, et on m’a proposé un contrat. Ce qui est bien, c’est que j’ai toujours une forme de liberté avec ce label: la promo en radio se fait toujours en indé. Eux se chargent de la distribution digitale et du playlisting. C’est cool pour 2021 car je prévois de sortir quelques singles… J’ai l’agréable impression qu’on forme une équipe, et qu’on peut compter les uns sur les autres. Ils sont professionnels, et ça nous donne plus de poids à mon manager et moi pour avancer.
Tu as donc malgré tout passé une année riche en bonne nouvelles, mais tu n’as malheureusement pas pu échapper aux annulations et reports continuels de concerts, dont une date importante à l’AB désormais envisagée en 2021…
Løyd: En effet, et ça devient difficile de prévoir. C’est même assez désespérant de voir les concerts reportés plusieurs fois de suite. Je pense qu’on y verra plus clair en fin 2021. C’est déprimant parce qu’on en vient à se demander si on reverra la scène un jour, mais on doit bien rentabiliser notre temps en attendant. Je pense vraiment qu’il va falloir retrouver rapidement une vie normale. Il y a eu un bel élan créatif lors du premier confinement avec les livestreams, etc mais le temps passe et ça ne suffit plus. Il faut croiser les doigts, des rumeurs de vaccins circulent et on ne peut qu’espérer que d’ici six mois, on retrouve peu à peu une vie normale.
Si tu avais un mot à dire sur la gestion politique de la crise au niveau culturel, quel serait-il ?
Løyd: J’ai une critique assez violente à ce sujet. Je ne porte déjà pas spécialement les politiques dans mon coeur mais aujourd’hui je les méprise presque, tout comme j’ai le sentiment d’être méprisé en tant qu’artiste par le gouvernement. Aucun scénario n’a jamais été envisagé pour nous, les artistes. J’aurais aimé que l’on établisse un plan en fonction des nouvelles: si à telle date il y a autant de cas, alors les mesures changeront, etc. J’aurais souhaité quelque chose de plus cartésien. J’ai parfois l’impression qu’on cherche à nous infantiliser. Quand je vois des congrès politiques où de nombreuses personnes se réunissent et qu’on nous dit à nous que rien n’est possible, c’est particulièrement frustrant. Les conséquences se font déjà sentir: le FFORMATT nighclub à Bruxelles par exemple devra fermer ses portes à cause de cette situation. C’est vraiment triste. J’espère vraiment que la situation s’améliorera dans un avenir proche.