De la poésie. C’est ce dont on a besoin en ce moment. Et pour les beaux mots, Feu! Chatterton est de retour avec Palais d’argile. Chronique !
Feu! Chatterton, c’est assurément le groupe français contemporain qui ressuscite l’ancienne poésie française en la mettant en musique. Avec des textes rimés et mélancoliques, on en viendrait presque à écouter Baudelaire, Hugo ou encore Musset parler du XXIème siècle. Les mots sont beaux, les mots sont justes, les maux sont forts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard de parler de poésie quand le groupe adapte le poème Before the World was Made de l’Anglais William Butler Yeats sous le titre Avant qu’il n’y ait le monde dont se dégage une émotion indescriptible, presque mystique.
Dès Monde nouveau, Arthur Teboul évoque le monde d’avant (dont il parle aussi sur l’incroyable et furieux Ecran total) dans l’incompréhension totale face au monde changeant et à ses dérives technologiques et climatiques. Ça attaque fort d’entrée de jeu, le tout avec une élégance et une verve très parisiennes. Pour peu, les volutes de cigarettes voleraient dans nos yeux et les odeurs d’absinthe caresseraient nos narines. Et ces dérives sociétales, il en sera question tout au long de cet album, comme une sorte de fil rouge (ou bleu si on se fie à la couverture) qui ferait le jeu du pamphlet de ce monde nouveau qui nous rend nostalgique de celui d’avant et envieux de celui d’après. Rajoutez à cela des productions musicales oscillant entre rock et touches électroniques brillamment exécutées par Antoine Wilson, Clément Doumic, Sébastien Wolf et Raphaël de Pressigny et vous obtenez un voyage fait de force et d’envies d’ailleurs.
Cet album de Feu! Chatterton, et le travail du groupe dans sa globalité, c’est l’assurance du mot juste, de la subtilité, de la douceur mais aussi de la force et de l’intonation placée pile au moment où ça vous arrache le coeur. Il y a une révolte douce qui se cache derrière les créations du groupe français, celle qui donne envie de changer les choses sans brutalité, juste avec des phrases. De la poésie.
