Interview: Antoine Chance

Première partie de Puggy il y a presqu’un an à l’Ancienne Belgique, première partie de Souchon et Voulzy à Paris, la scène Pierre Rapsat aux Francofolies de Spa. Est-ce qu’on peut dire qu’en un an, ça a été une sorte de consécration pour toi ?

C’est une très belle année et il y a beaucoup de bonnes choses qui continuent à m’arriver, j’en suis ravi ! Après, la consécration, c’est un peu too much on en reparle dans vingt ans. Tous ces encouragements me donnent envie de construire d’autres choses !

Tu es passé d’un public d’habitués à un public beaucoup plus large notamment grâce à tes nombreuses dates estivales. Comment gères-tu ce qu’on pourrait appeler un grand écart ?

J’ai vraiment du mal à me rendre compte à qui j’ai affaire, je ne suis pas un artiste avec un Facebook à millions de « likes » mais j’y passe du temps et j’aime bien donner des infos. Au départ, il n’y avait personne donc c’est un plus un plus un plus un qui a fait que. Du coup je me réjouis de voir que les gens viennent aux concerts, c’est du bonus et on le fait pour ça

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Dans « Fou », tu abordes des thèmes souvent repris dans la musique francophone (amour, mélancolie…), tu n’as pas eu peur de tomber dans le déjà-vu ?

Pour avoir peur, j’avais peut-être déjà trop le nez dans le guidon en préparant mes trucs parce que j’avais une espèce de vision de ce que je voulais préparer. Le travail de départ c’était d’utiliser les musiques qui avaient été écrites et composées de manière assez spontanée puis après y apposer des mots. Ce travail était intéressant, il a été fait notamment avec différents auteurs. Donc oui ces thèmes ont été souvent repris mais j’ai essayé de le faire à ma façon du coup je n’avais pas trop peur de ça. En fait, le ton est assez personnel et il sera encore différent sur la suite, je vais essayer d’aller plus loin dans ce travail-là.

Avant de poursuivre ta carrière sous le nom d’Antoine Chance, tu étais connu sous Coco Royal. Tu as repris certains titres de cette époque mais de façon plus rythmée. Est-ce que c’est le changement de nom qui a voulu ça ou est-ce que c’est l’envie de donner une autre tournure à ces morceaux ?

Oui forcément, c’était des titres avec lesquels je vivais depuis un moment et j’ai toujours hésité sur leur forme. C’était des chansons auxquelles j’étais attaché qui avaient une importance dans le processus et oui c’est plus rythmé parce que tout était étiré au départ, j’ai une tendance à faire des trucs assez lents et je pense que je vais revenir à des choses comme ça par la suite parce que ça fait vraiment partie de moi. J’ai écrit mes chansons pendant longtemps puis j’ai été confronté à un producteur qui croyait au projet donc j’ai été face à un avis extérieur qui me faisait confiance. Même si ça me faisait parfois un peu du mal je me disais que c’était un passage important pour essayer d’explorer les titres un maximum.

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Pas de regrets ?

Je crois que dans les albums il y a plein de regrets. Après, la question est de savoir comment vivre avec. Globalement je l’assume mais j’ai plein de regrets évidemment, il faut de temps en temps aller vers des compromis. J’ai eu une sorte d’électrochoc en sortant mon disque parce que je me suis dit « En fait, c’est un seul truc… » Après, je peux encore faire 15 000 albums derrière pour rectifier le tir et ça m’a permis de me dire « Tiens c’est raté là ou là » et dans ce cas je peux faire mieux sur le deuxième album. J’ai bien aimé voir ça comme une seule pierre de l’édifice.

Tu joues aujourd’hui à l’Open Stream Festival en tête d’affiche avec MLCD, tu fais aussi partie de la génération d’artistes comme Nicola Testa, Puggy, Alaska Gold Rush… Quel est ton avis sur cette scène belge qui monte en flèche ?

Je me souviens quand j’étais petit et que j’allais passer mes vacances en France, c’était la honte d’être belge. Ensuite, avec beaucoup de créations, d’artistes, tout ça a beaucoup changé et maintenant c’est la classe d’être belge, c’est bouillonnant en ce moment ! Il y a des gens que j’admire particulièrement comme Nicolas Michaux, Jawahr que je trouve particulièrement créatifs et qui chantent en français. C’était chouette quand j’ai reçu les Octaves et Sabam parce que je me suis dit que je faisais partie d’une espèce de bande avec les Girls in Hawaii, BRNS, Ivan Tirtiaux. J’ai l’impression qu’on fait vraiment partie d’une chouette génération, il se passe plein de trucs et c’est toujours un plaisir de croiser ces personnes en festival.

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Tu as déjà des projets pour le successeur de « Fou » ou du moins pour la suite de l’aventure musicale ?

L’autre jour je suis allé jouer au Festival du Film à Angoulême, ça m’a fait une espèce de déclic en ayant fait des piano-voix parce que je me suis dit que ça me plairait vraiment de travailler dans le cinéma comme musicien. Sinon on va pas mal tourner en international, par exemple on va aller pas mal au Québec, on fait une sélection en février, des dates en Suisse, en France aussi donc on va encore un peu bouger avec ce disque mais je pense qu’il faut accepter l’idée que le job est déjà un peu fait. J’essaye d’écrire un maximum de nouveaux trucs, d’être plus personnel, plus percutant alors j’essaye d’écrire moi-même mes textes aussi. J’ai aussi fait une chanson avec Veence Hanao (je ne vais pas tout dévoiler), mais pour le moment j’ai envie de faire ça, de me décomplexer par rapport à toutes les influences que je peux avoir ; pour moi c’est l’étape numéro deux et il y en aura encore d’autres après.

Tu parles de Veence Hanao, tu es tenté par des collaborations à l’avenir ?

Oui et j’en ai déjà fait pas mal ! Il y a eu beaucoup d’intervenants sur l’album, j’ai toujours aimé faire ça. J’ai notamment travaillé avec Greg Walker d’Archive, plein de paroliers aussi et c’est très présent sur le disque, le fait de partager, de se confronter à d’autres gens, d’autres univers. J’ai toujours cette envie mais j’ai aussi l’impression que je dois travailler seul dans un premier temps parce que ça fait longtemps que je n’ai plus fait ça. Je vais donc voir où je peux aller en étant seul dans le processus. Attention, je ne vais pas tout faire tout seul non plus mais voilà c’est aussi pour ça que je me laisse plus de temps pour écrire par moi-même, j’essaye de choisir des nouveaux sujets, ce qui me parle en ce moment.

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