Interview: Les R’tardataires

Comment vous est venue l’idée de créer un rap qu’on pourrait qualifier d’humoristique ?

Ced : A la base on faisait du rap premier degré et on était un collectif de sept MC’s. Nous deux on avait toujours des textes un peu plus drôles où les textes étaient un peu plus légers donc on a décidé de faire un truc tous les deux alors on s’est retrouvés pendant deux semaines dans sa chambre pour une première maquette, « On s’fait plaisir », qui a posé les bases du projet. On était beaucoup plus à l’aise dans ce style que dans le premier degré sinon on se ferait rire l’un l’autre.

Max : C’est parti d’un gros délire dans lequel on est devenus de plus en plus sérieux.

Ced : On est sérieux dans ce qu’on fait au second degré mais on se rend compte qu’on ne saurait pas faire autre chose que ça.

Max : Même dans la vie on n’est pas très sérieux.

Derrière cet humour, il y a d’ailleurs souvent un message caché qui est plus sérieux et qui se rattache à la société actuelle. Pourquoi utiliser cette technique pour dénoncer le monde qui vous entoure ?

Max : C’est aussi une forme d’humour de taper des petites pichenettes derrière, c’est un peu le côté punchline.

Ced : On ne fait pas non plus de l’humour pour faire de l’humour, on n’est pas des humoristes. Il faut qu’on ait quelque chose à dire derrière sinon on s’emmerderait. En prenant les choses d’un autre angle, je pense que le message passe beaucoup mieux. Par exemple, beaucoup de policiers aiment « 22 fais tourner » alors que ce sujet au premier degré, pas sûr que ça aurait donné les mêmes réactions.

Pic by Marie Coppin

Un sujet que vous voulez aborder pour le moment et que vous n’avez pas encore touché ?

Max : On a quelques sons qui démarrent dont un sur nos mères où on parle de toutes les conneries qu’on a faites avant mais que maintenant elle fait la fête. On fait en fonction de ce qu’on entend et voit, ça vient quand ça vient.

Vous avez teasé « Bienvenue au saloon » sur Facebook avec une vidéo de bagarre dans un bar, est-ce pour vous l’utilisation des réseaux sociaux pour faire votre promo est un élément primordial ?

Max : On est assez vieux par rapport aux réseaux sociaux et on a une certaine distance donc on n’est pas des grands fans de base. Mais on se rend bien compte que si on veut faire quelque chose comme pour un groupe de musique justement, on n’a pas le choix ! C’est le meilleur outil gratuit.

Ced : C’est super important de passer par là. Je crois que sans YouTube et Facebook, nous on est nulle part du coup on s’en amuse aussi. Parfois on trouve ça un peu abusif donc on crée une petit bagarre, ça part… et on aime bien faire ce genre de chose comme avec « Les Parasites » où on a fait croire qu’on avait été censurés sur RVL-TLI et les gens vont tellement vite qu’ils ne lisent pas donc ils y croient !

Max : On garde quand-même une distance par rapport au truc.

Vous n’avez pas peur de provoquer un jour quelque chose qui irait trop loin ?

Max : La vidéo de la bagarre on était quand-même très justes. On a hésité avant de le faire.

Ced : Il faut parfois prendre des risques. T’as toujours un peu peur mais au pire ça buzz et tant qu’on parle de toi c’est cool.

Max : On fait toujours ça avec une certaine distance, je pense que c’est moins risqué que les mecs qui mettent toute leur vie là-dedans puis qui se retrouvent à la rue. Les gens comprennent qu’on est un groupe qui se tape des barres, on a un peu de protection à ce niveau-là. C’est une façon de se protéger.

Pic by Marie Coppin

Le rap français souffre beaucoup d’une image assez négative, est-ce que vous le ressentez dans votre travail ?

Max : On n’est pas que rap et il y a aussi pas mal de gens de notre âge qui nous écoutent et qui ont la même culture musicale que nous.

Ced : Il y a un tournant actuellement dans le rap qui fait qu’on ne sait plus sur quel pied danser et même au niveau des artistes, tout est permis maintenant ! Ça devient la musique populaire qui commence à monter comme c’était le cas pour le rock qui a eu une période où il n’y avait que ça et là bientôt, il n’y aura plus que du rap avec plein de styles différents. Aussi bien pour un puriste que pour un gars qui écoutait du rap avant, on va se dire « J’écoute quoi maintenant ? » et il y a encore bien évidemment des gars qui font du rap old school qui tue mais il y a tellement de trucs que ça attire aussi du nouveau public qui ne sait peut-être pas ce qu’était le rap avant et qui arrive sur de PNL des trucs comme ça. Nous justement on n’est pas dans toutes ces mouvances, on fait partie d’une des branches du rap.

Max : Mais il y en a tellement ! Avant, ce n’était que les mecs des cités qui faisaient du rap et maintenant tout le monde en écoute.

Ced : Je pense que nous on est vraiment dans la limite avant de rentrer dans le rap parce qu’on a des musiciens notamment.

Max : C’est une branche à part entière du hip-hop, on est à la limite entre le tout public et le rap.

Vous visez un public en particulier ou pas ?

Ced : C’est une force et une faiblesse en même temps mais le fait qu’on ne rentre pas dans une case, ça touche plusieurs publics. Des fois on est dans des festivals de rock, des fois des festivals hip-hop… Du coup il y a de tout et n’importe quoi dans notre public. C’est super éclectique, un peu comme notre musique.

Les Ardentes, Dour, la scène Pierre Rapsat ici aux Francos, un été bien chargé donc ! On peut dire que c’est l’année de la consécration pour vous ?

Ced : On a eu une belle année avec la sortie de l’album et on a démarré par un Reflekor sold-out donc ça commençait bien et notre booker a l’air de bien faire son boulot. L’album est bien reçu, les concerts aussi… Donc on est contents parce que c’est un petit palier supplémentaire qu’on prend et on aimerait bien le faire chaque année.

Vous êtes déjà sur des nouveautés ?

Max : On commence déjà à écrire sur des nouveaux trucs mais l’album est sorti en mai donc on ne va pas démarrer comme des oufs.

Ced : On n’est pas le genre de groupe à sortir un album par an. Tous les deux ans ce serait bien.

Max : On réfléchit peut-être pour faire des featuring, avec Fefe par exemple ou des autres artistes liégeois. On aimerait vraiment bien collaborer un peu plus parce que la musique c’est aussi des échanges.

 

 

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