Entre une tournée américaine et une européenne, Jinjer a pris le temps de faire une pause studio. Ils ont sorti Micro, un EP de vingt minutes, qui révèle leur côté le plus sombre. Prêts pour une initiation au djent et au growl feminin ? Chronique !
Ces quatre Ukrainiens ont su faire leur trou dans le milieu du metal en créant leur style reconnaissable à la seconde. Ils proposent un mélange core, djent aux influences groove, death magnifié par Tatiana Shmaylyuk. La chanteuse maîtrise de mieux en mieux les alternances entre un chant clair très féminin et growl grave à s’y méprendre. Elle y ajoute même des notes de scream, enrichissant toujours plus les nuances de son chant. Sur cet EP sorti chez Napalm Record, leur univers s’affirme encore davantage et apporte toujours plus de puissance à des titres relatant des blessures profondes. Les riffs sont propres et percutants, la basse est syncopée et entraînante, permettant au chant de prendre toute son ampleur.
Micro commence par Ape qui parle de l’influence de l’homme sur son environnement, un thème déjà abordé par le groupe. Cette fois-ci, le point de vue est celui d’une puissance supérieure jugeant les hommes assoiffés de pouvoir et qui massacrent leur prochain, au nom de la gloire. Malgré un style Ophélie Winter dans le clip, Dieu ne leur a pas donné la foi, bien au contraire.
Arrive ensuite le titre le plus sombre que le groupe n’ait jamais composé : Dreadful Moments. Une chanson poignante parue en lyrics video et pour cause, les paroles sont le pilier central de ce morceau. Il parle de la peur des coups paternels causant des traumatismes irréversibles. Il se transforme en appel à l’aide à une mère qui répond par le silence et se conclut par les conséquences incurables de cette enfance malheureuse, laissant un sentiment de désespoir, l’angoisse se transformant peu à peu en haine.
Teacher, Teacher ! débute sur le thème des humiliations que peuvent faire subir les professeurs aux élèves, sous couvert de religion. Le titre pousse ensuite à la rébellion, rappelant The Wall de Pink Floyd. Perennial, lui, symbolise l’adolescence, là où l’adulte naît des cendres de l’enfant battu, tel le renouveau de la nature et les changements de saisons.
Micro, le titre éponyme, arrive enfin pour apaiser les cœurs. Un court morceau instrumental acoustique composé d’une mélodie mélancolique et entêtante, créant un ouverture sur la suite de cette expérience et augurant un futur album de grande qualité de composition.
Chaque titre est une pièce unique qui gagne en profondeur après plusieurs écoutes. Comme son nom l’indique, cet EP est court et pourtant très concentré en émotions. Représentant la pudeur de ne pas s’étendre sur une éducation faite de mauvais traitements aussi bien religieux que parentaux, avec toujours cette comparaison à la nature propre à Jinjer.