Comment est né le projet KO KO MO ?
K20 : KO KO MO c’est avant tout une rencontre de deux personnes. On s’est rencontrés dans un groupe dans lequel j’étais batteur, Warren nous a rejoints en tant que guitariste donc on a commencé à jouer tous les deux pendant les pauses clopes puis on a monté le groupe. Au début, Warren jouait avec un autre batteur puis ça a changé comme ça et KO KO MO est né il y a quelques années. On a fait quelques dates puis on a rencontré LMP musique (notre équipe de managers et tourneurs)
Justement, vous formez un duo, est-ce qu’on peut s’attendre un jour à voir le projet évoluer avec de nouveaux arrivants ?
Warren : Pourquoi pas ? On a déjà essayé une fois mais pour le moment ce n’est pas d’actualité car c’est vraiment une histoire à deux. C’est ce qui fait la force du projet et qu’on improvise beaucoup aussi, du moins sur scène !
K20 : Oui puis être en troupe ou en couple ce n’est pas pareil ! Comme l’a dit Warren on improvise beaucoup, c’est comme ça qu’on s’est connus. La première tournée c’était vraiment de l’impro. On a invité une copine très chère sur Lemon Twins, le nouvel album (sur 25 Again, ndlr) mais on reste à deux, on verra par la suite.

Ce morceau, 25 Again, est un titre aux sonorités orientales où on entend Leila Bounous. D’où vous est venue cette idée, d’autant plus qu’il y avait déjà cette influence sur la version live de Hard Time sur la tournée précédente ?
Warren : Notre première tournée étrangère, on l’a faite en Inde et Hard Time c’est un morceau qu’on n’a plus du tout joué de la même manière après ce voyage, ça nous a beaucoup influencés. Ce sont des couleurs qui ont toujours bien matché avec l’esthétique rock,
K20 : En plus à la base on ne vient pas du rock, on écoute plein de trucs (du reubeu, du classique, du hip-hop, de l’électro…) et c’est vrai que pour 25 Again on voulait un morceau à la mandoline et puis c’est devenu rock avec un peu d’électro dedans donc on entendait bien la voix de Leila chanter en arabe dessus, on trouve ça hyper beau et la voix de Warren se marie très bien avec la sienne. C’est un peu la face B donc ça ouvre le champ de la suite, peut-être !
Vous avez d’autres influences ou styles que vous aimeriez explorer ?
K20 : On verra, ça dépend un peu des rencontres qu’on fait, de nos voyages aussi. C’est ça qui rentre en compte! Si ça tombe on va rencontrer une chanteuse ou un chanteur dans peu de temps et on va se dire « Putain on va faire quelque chose avec lui ! » ou le contraire,
Vous venez de sortir Lemon Twins, votre deuxième album. On dit généralement que le deuxième album est celui de la confirmation, est-ce que dans ce cas-ci on ne pourrait pas plutôt parler de l’album de l’affirmation ?
K20 : C’est une bonne question ! En effet c’est le deuxième album, mais pour nous c’est vraiment le premier. On s’est mis un peu la pression sans se la mettre donc on a beaucoup plus travaillé dessus à deux au niveau des arrangements, du mixage et de la réalisation. On était vraiment à fond ! Pour le premier aussi, mais on l’a fait mixer par quelqu’un qui a fait la réal’ mix donc on n’avait pas de recul par rapport à notre propre album. Ici on l’avait et on savait ce qu’on ne voulait plus et ce qu’on voulait. Warren et moi on est hyper complémentaires, on s’accorde très souvent, dès qu’il dit un truc je suis d’accord ou le contraire. C’est pour ça qu’on joue toujours ensemble ! Cet album, c’est la suite logique de notre histoire et si ça se trouve, le troisième album sera différent ou dans la même veine. Pour Lemon Twins, on est restés dans la veine KO KO MO pour ne pas trahir notre public et aussi pour montrer ce qu’on sait faire, on ne fait pas que du rock mais il y a toujours la patte du groupe.

Comment se passe la composition en général ? Vous avez des idées de base ou c’est au feeling ?
K20 : Ca part de Warren !
Warren : Ouais, on compose beaucoup sur la route vu qu’on tourne tout le temps, on ne prend pas de pauses de six mois avant de tourner de nouveau six mois. C’est sûr que par rapport à l’affirmation, peut-être que sur cet album, inconsciemment, le fait d’avoir rallongé pendant deux ans des moments de transe ça amène des couleurs plus visibles sur ce disque. On s’est permis davantage de longueurs. On s’est fait plaisir !
K20 : On a des passages électros, trans-rock, instrumentaux… Puis maintenant on a des logiciels sur ordinateurs donc on peut faire des « poum tchacs ding ding ding » dans le camion puis ça repasse à la moulinette chez Warren, chez moi… C’est vraiment un travail d’échange et après on enregistre et là aussi, ça amène de nouvelles choses. On aime bien faire une prise de guitare et garder des couacs s’il y en a. Puis on ne fait pas 40 morceaux pour en garder 10, on fait les 10 pour raconter une histoire avec ce que Warren écrit. C’est comme de la cuisine finalement !
Pourquoi avoir appelé l’album Lemon Twins ?
Warren : Donc à la base déjà il y a cette pochette avec cette piscine de citrons pour le côté énergisant et pour inviter les gens à plonger dans notre univers puis aussi pour le côté fratrie, jumeau. C’est aussi un clin d’oeil à Lemon Twigs, un autre duo new-yorkais qui cartonne aux USA même si c’est assez différent de ce qu’on fait.
K20 : Et puis on adore le gin to’ ahah ! Il faut savoir que c’est une vraie piscine de citron sur la pochette. 150kg !
Quand on voit votre univers musical mais aussi visuel, ne doit-on pas y voir une certaine forme de nostalgie d’un style qui a marqué toute une génération ?
Warren : C’est sûr que c’est un peu marqué. Maintenant, on essaye toujours de montrer les deux facettes dans le visuel : le côté vintage et le côté moderne.
K20 : Le côté fou et le côté un peu sérieux aussi, on est un peu sérieux dans la musique même si on est un peu débiles, aussi parce qu’on travaille avec sa chérie (de Warren, ndlr) et Jean-Marie qui fait les photos donc on travaille en famille, c’est une question de confiance. C’est important le visuel, ici on a quelque chose de jaune qui flashe pour que les gens ne voient que ça
Warren : On a la chance de bosser avec une boîte de prod’ qui nous laisse à 100% la main sur l’artistique et les pochettes donc on en profite !

Ce n’est pas trop compliqué de travailler en famille ? Pas trop de tensions ?
K20 : Non parce que les choses se disent plus facilement, la confiance est là ! Même LMP (leur boîte de prod’, ndlr) c’est notre famille, on les a tous les jours au téléphone et ils nous suivent, nous trouvent des dates… Je trouve ça important ! Stromae fait ça aussi pour prendre un exemple que vous connaissez bien. Warren c’est un peu mon frangin et quand on a des choses à se dire, on se le dit sur scène et c’est parfait. On ne se pose pas de questions et tout le monde donne son avis.
Comment s’impose-t-on en tant que groupe de rock français en 2019 à l’heure où le hip-hop est quand même très présent voire omniprésent dans les classements musicaux ?
Warren : On fait! On ne s’est pas trop posé la question.
K20 : A la base on n’est pas des rockeurs. On s’est mis à jouer du rock parce qu’on aime bien l’énergie, il saute sur scène et moi je joue debout, il y a truc qui s’est trouvé. Les gens viennent nous voir et des vieux se disent en voyant Warren « Tiens on dirait Led Zeppelin ! » et d’autres « branleurs » vont se dire « Tiens il y a un peu de hip-hop là-dedans ! » donc c’est un mix.
Warren : Je trouve que le rock revient ! Il y a un retour qui n’est pas hyper franc mais il y a un retour.
On dirait que le rock a son public qui fait que ça ne faillira jamais !
Warren : C’est exactement ça, c’est un des publics les plus fidèles !
K20 : On le voit aussi au merchandising, dans les concerts rock le public achète vraiment l’objet avec ou sans les signatures.
Warren : Il y a une sorte de culte.
K20 : Ouais alors que dans la musique urbaine ça se passe davantage dans le streaming, c’est différent. Mais ouais c’est un public fidèle parce qu’on a des vieux, des jeunes… c’est trop bien.
Vous avez pas mal tourné à l’étranger, comment se passe l’accueil, notamment en Australie ?
Warren : C’est une des meilleures tournées à l’étranger qu’on ait faites !
K20 : L’accueil, le public… tout est super. On est un peu accueillis comme des stars, notamment en Chine où c’était démesuré parce qu’on n’est pas du tout connus.
Warren : Puis on est parachutés sur une scène devant 40 000 personnes alors qu’on n’a pas sorti un seul disque, c’est trop bizarre.
K20 : L’accueil était parfait partout et on a pas mal voyagé, ça forge le groupe ! Puis on ne joue pas de la même manière là-bas non plus, on s’adapte au public, au matos qui n’est pas le nôtre,,, C’est toujours enrichissant.

Est-ce que KO KO MO est un groupe qui se forge sur scène ou en retrait ?
K20 : Sur scène ! On est réputés comme un groupe live et l’album sonne live donc si les gens viennent nous voir, ils verront qu’il y a des changements d’arrangements mais ils ne seront pas déconnectés. Comme disait Warren, on joue depuis quatre ans toutes les semaines donc c’est notre quotidien, on se voit plus qu’avec nos chéries. C’est comme ça qu’on s’est construits mais on adore aussi le studio et on aimerait peut-être un jour expérimenter de rester six mois en studio mais ça coûte cher et on aime bien composer dans l’urgence. Il y a un côté euphorisant.
Warren : Ouais puis c’est super agréable d’avoir une formule pour faire des maquettes qu’on emporte partout parce que souvent, les idées, on les a en tournée.
K20 : On improvise pas mal sur scène donc on peut changer des structures, c’est l’avantage d’être deux.
Ce n’est jamais deux fois le même concert ?
K20 : Jamais ! Pour nous et pour le public. C’est toujours les mêmes morceaux mais jamais de la même manière entre les impros, les galères techniques…
Quel est l’avenir de KO KO MO ?
Warren : Continuer à jouer ensemble.
K20 : Ouais puis s’aimer toujours, avoir le même plaisir d’être ensemble sur scène. Le disque fonctionne bien, on va faire un nouveau clip, peut-être une nouvelle cover qui sait, rencontrer des autres gens, faire la tournée en Europe pour essayer de garder l’Hexagone puis aller à côté. On voudrait aussi préparer une plus grosse tournée à l’étranger pour l’année prochaine.