Interview : Black Mirrors

Black Mirrors s’est produit le 26 octobre sur la scène de l’Entrepôt à Arlon. On en a profité pour les rencontrer et discuter un peu avec la chanteuse Marcella et le guitariste Pierre. Nos discussions ont entre autres porté sur les influences amérindiennes, les projets pour 2020 et le public allemand. 

Quand et dans quel contexte le projet Black Mirrors a-t-il vu le jour ? 

Marcella : On a commencé le projet à l’été 2013. En fait, je voulais d’abord monter un groupe de filles car j’avais déjà eu un bon feeling avec quelques potes, et on avait continué, on jamait, etc. Mais à l’époque, nous ne parvenions pas à trouver une guitariste qui s’intégrait musicalement dans ce qu’on voulait. Et moi, je jouais auparavant dans un autre projet avec Pierre. Du coup, je lui avais demandé s’il voulait se joindre à notre jam et il a été partant. Voilà, on a commencé comme ça. Le truc est que Pierre et moi voulions amener le projet plus loin que de simples jams, ce qui a fait que les deux autres filles n’ont pas continué. Ensuite, deux autres potes, Edouard et Gino, se sont joints à nous pour vraiment former Black Mirrors. Finalement, mon projet de groupe de filles est tombé à l’eau mais j’étais contente de pouvoir commencer celui-là avec des amis. Mais encore une fois, nous avons eu beaucoup de changement au niveau du line-up pour se retrouver maintenant avec Loïc à la basse et Paul à la batterie.

En référence à votre projet de groupe de filles, nous voulions savoir comment se révélait le fait d’être une femme et une chanteuse dans l’industrie du rock en 2019 ? Plutôt une difficulté ou un privilège, ou alors ni l’un ni l’autre ?

M : Au niveau de l’industrie musicale, je n’ai pas l’impression que ça change quoi que ce soit ou de ressentir un sexisme à part entière. Je sais que certaines chanteuses ont des problèmes, qu’il y en a qui se sont fait toucher le cul et compagnie, mais j’ai toujours eu des gens respectueux autour de moi.

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Black Mirrors – Pic by Vicky Chleide

Black Mirrors, c’est du rock n’ roll accompagné d’une dimension chamanique et spirituelle. Pourriez-vous nous expliquer d’où viennent ces influences et cet attrait pour les traditions amérindiennes ? 

M : Je pense qu’elles viennent de moi, même si Pierre s’y intéresse aussi. Mais en réalité, tout cela ne se ressent pas vraiment dans notre musique excepté sur un morceau de l’album, Burning Warriors, qui parle d’un des plus gros massacres amérindiens dont les victimes ont été les tribus Lakota et Cheyenne, environ 300 d’entre eux ont été simplement tués. On avait voulu écrire un morceau sur cet événement tragique, raison pour laquelle nous entendons un chant lakota à un moment dans ce morceau. C’est quelque chose qui m’a toujours attirée et touchée, donc ça me parait normal de retrouver cela dans mes textes. Mais à part ça, ces influences ne se ressentent pas dans notre musique.

Pierre : Il n’y a pas une volonté hyper forte de mettre cela en avant dans notre musique mais étant donné que cela fait partie de notre vie et de nos intérêts, ça transparaît naturellement dans nos compositions.

M : C’est clair que ça me plait énormément. J’aime écouter des chants amérindiens, avec toute la spiritualité et la sagesse qui gravitent autour. Quelque part, ça rappelle à nous, Européens et les « blancs », l’importance de la nature ou de choses essentielles qui ont tendance à se faire oublier de nos jours. Au final, c’est un peu ma petite bouffée d’air, une dose d’espoir dans cette société actuelle.

Vous avez été les heureux gagnants d’un D6bels Music Awards en janvier 2019. Comment avez-vous envisagé cette récompense une fois obtenue ? 

MOn a pu faire quelques concerts et festivals en Wallonie grâce à cela, je pense notamment au Verdur’Rock, les 15 ans de Classic 21, Dour, etc.

P : C’est une récompense qui fait plaisir à avoir car c’est un peu la ponctuation de toute une année assez dingue. Mais il ne faut pas tomber dans le piège de l’ego, considérer cela comme un accomplissement ultime et se reposer sur ses lauriers. C’est plus une étape dans notre carrière de groupe. On ne veut pas du tout s’arrêter là, on veut continuer à bosser et à produire.

Justement, vous avez un album à votre actif, intitulé Look Into The Black Mirror. Pouvons-nous alors nous attendre à un nouvel opus pour 2020 ? Quels sont vos projets et objectifs pour la prochaine année ? 

P : On compose. Mais on ne veut pas encore trop s’avancer et déjà parler de date voire d’année de sortie. Car on peut vite se retrouver piéger dans un certain optimisme en annonçant « ne vous inquiétez pas, on va bientôt le sortir », « c’est prévu pour l’année prochaine » et au final, on attend encore cinq ans. On a vu ça avec tellement de groupes et on ne veut pas que ça nous arrive. Mais ce qui est sûr c’est qu’on compose, on écrit de nouvelles chansons et on va d’ailleurs en jouer sur scène ce soir. Voilà, on aimerait être en studio en 2020 mais quant à une date de sortie, rien n’est encore fixé.

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Black Mirrors – Pic by Vicky Chleide

Vous avez signé avec Napalm Records, un label autrichien. On a d’ailleurs trouvé cela un peu intriguant que vous soyez allés jusqu’en Autriche pour signer avec un label. N’y a-t-il pas une certaine frustration à ne pas pouvoir signer avec un label belge, ou alors est-ce la preuve que la scène rock belge n’est pas aussi attrayante qu’elle en a l’air ? 

M : En fait, c’était une volonté de notre part de signer avec un label en dehors de la Belgique. On a démarché que des labels européens car on voulait sortir de nos frontières.

P : Je pense qu’il est important de voir le marché belge en deux parties : la Flandre et la Wallonie. Et chacune a son propre monde professionnel et son public. Il y a encore un public rock en Wallonie mais le style de musique en tant que tel, que ce soit via les médias de masse ou via les labels, n’est en fait plus très exposé, il est assez underground. Donc nous avions cette envie de signer avec un pays germanophone en particulier parce qu’il y a là-bas une scène rock encore super vivace. Et on s’en est aussi rendus compte en tournant beaucoup là-bas, l’Allemagne est le pays dans lequel nous avons le plus performé avec la Belgique. Ils ont encore une culture et une curiosité pour le rock très fortes. J’ai un exemple qui m’a toujours frappé, c’était une de nos premières dates en Allemagne en 2017, on était le premier groupe à jouer à une soirée et on a commencé aux alentours de 19h30. Si tu fais cela en Belgique, tu joues devant 10 personnes. En Allemagne, les gens se déplacent pour la tête d’affiche mais restent quand même intéressés par toute la soirée, ils sont prêts à découvrir de nouvelles choses. Donc pour un groupe comme nous, c’est génial.

Vous êtes sur le point de terminer une tournée, du moins une belle série de concerts. Auriez-vous trois mots pour décrire cette dernière expérience ? 

P : Intense. Notre batteur, Paul, a rejoint le groupe en juillet 2018 et c’est quelqu’un qui aime garder des traces de beaucoup de choses, donc il a noté tous les concerts qu’il a faits avec nous et on arrive à un résultat de plus de 100 concerts en un an et quatre mois. Et comme on arrive sur la fin, ça fait bizarre de ne plus jouer tous les week-ends. Riche en découvertes aussi. Et finalement humaine, on a rencontré des gens incroyables sur la route. Par exemple, on est partis deux fois en tournée avec le groupe islandais Vintage Caravane et ils sont maintenant devenus nos amis.

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Black Mirrors – Pic by Vicky Chleide

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