Cinq ans après Policy, son premier disque trop méconnu, Will Butler revient avec Generations. Le frère du leader d’Arcade Fire se donne à fond dans un disque brut et politique. Mais pourquoi faut-il l’écouter ? Chronique !
Tout d’abord, parce que dans la famille Butler, il y a cette petite folie créative au-dessus de la moyenne qui est souvent mêlée à une réflexion profonde. Will a enregistré ce disque chez lui, à Brooklyn, pour le terminer tout juste avant le confinement. Il y est question de ce que peuvent faire une ou plusieurs générations dans l’Amérique d’aujourd’hui alors que la fracture sociétale est de plus en plus marquée. L’identité musicale très rock s’en ressent directement où l’électro de Hard Times se conjugue avec des airs plus atmosphériques comme sur Close My Eyes. Il n’en perd pas pour autant son ADN avec Surrender qui fait fortement penser à l’énergie de l’illustre groupe canadien dont il fait partie. C’est peut-être ça aussi la solution : faire passer un message en total lâcher prise avec ce regard toujours pertinent/militant. Dans Fine, il rend hommage à sa grande famille de musiciens : il y évoque les aspects particuliers de la ségrégation raciale vécus par son grand-père lorsqu’il tournait avec le jazzman Charles Mingus. Ce dernier devait prétendre qu’il était Hawaïen pour pouvoir se joindre à eux pour le repas. Une époque pas si lointaine et dont l’Amérique essaye encore de panser les plaies ! Will Butler veut, avec intelligence, changer les choses et utilise son art comme déclencheur. On ne peut que le suivre dans cette démarche !
Bien que l’actualité musicale soit très dense ces derniers jours, il ne faut pas passer à côté de ce Generations. Un disque à la richesse musicale unique et qui se doit d’être tranchant à la veille des élections américaines !
