Dans la liste des artistes qui n’arrêtent jamais, on peut dire que Nick Cave en fait largement partie. Et ce n’est pas l’arrivée surprise de Carnage qui nous dira le contraire. Cela valait bien une chronique !
Cet opus a été enregistré durant le confinement avec son intrigant complice des Bad Seeds, Warren Ellis. Suite à l’annulation de sa tournée, Nick Cave s’est assis, a pensé et a écrit les choses qui lui venaient avant de les mettre en relief musicalement au cours de nombreuses réunions/jams créatives. Disons-le tout de suite, les orchestrations sont éblouissantes (des cordes à la boîte à rythme en passant par l’harmonium) !
Le disque s’ouvre sur la voix de Cave en mode chanter-parler sur Hand of God qui, d’un coup, se mue en sonorités électro-rock. L’inattendu est toujours là où on ne l’attend pas au cours de ces huit chapitres. Même si les couleurs de ce Carnage sont plus chaudes que ses précédents disques, on retrouve toujours cette voix ensorcelante et la poésie qui l’entoure. Il est aussi politique dans White Elephant où il y évoque avec force et piquant le « I Can’t Breathe » de George Floyd. L’expérience Nick Cave se compare souvent à la découverte d’un tableau : il y a les parties claires comme sur Albuquerque et la douceur de son chœur féminin, et les parties sombres de Old Time avec le son saturé des cordes ! Le prêcheur australien décrit cette œuvre comme brutale et magnifique alors que nous sommes tous dans une crise mondiale. Il est difficile pour nous de le contredire !
On va sans doute se répéter, mais Nick Cave & Warren Ellis sont des créateurs de génie et arrivent toujours, que ce soit pour des B.O. ou des projets plus classiques, à nous mettre des frissons. On ne peut que vous donner un conseil : isolez-vous et prenez le temps qu’il faut pour en savourer chaque seconde ! Ceci n’est pas un Carnage !
