Interview : IMAINA

On vous parlait de son premier EP il y a quelques jours. On a eu le plaisir de pouvoir discuter de Wounds avec IMAINA. Un échange des plus agréables qui nous a permis de faire la connaissance avec l’artiste belgo-bolivienne aux multiples facettes.

On vit une période très particulière. Comment as-tu vécu le confinement en tant qu’artiste ?

Je t’avoue que lors du premier confinement, j’étais contente d’avoir une vraie pause pour pouvoir composer, prendre du temps pour moi et peaufiner mon EP. C’était le côté positif, même si j’ai eu des concerts annulés. Par la suite, le deuxième confinement a été vraiment très dur. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à ressentir le véritable impact de la crise sur les projets musicaux, sur les salles et le secteur en général. Il y a un vrai ras-le-bol et au niveau financier, c’est compliqué. Il devient très difficile de garder une attitude positive.

Pour Wounds, tu as dit t’être inspirée des confidences d’une amie sur sa relation amoureuse toxique. Trouves-tu plus facilement l’inspiration dans la souffrance ?

Très bonne question. Je pense que je suis attirée par les sentiments mélancoliques et tristes de manière générale. Je me dis parfois que je devrais écrire davantage de textes positifs. Les paroles de cet EP me sont venues assez naturellement mais j’espère pouvoir évoluer en tant qu’artiste pour pouvoir toucher d’autres thématiques. Je pense que pour Wounds, j’avais besoin de vider mon sac.

Est-ce que cela a été compliqué d’aborder des sujets assez sombres et personnels dans tes chansons ?

Oui. La conversation que j’ai eue avec mon amie a eu lieu il y a deux ou trois ans. Elle m’a vraiment fait confiance. Plus je l’écoutais, plus je me disais que moi aussi, j’avais vécu des difficultés semblables. On ne se rend pas toujours compte qu’on a eu des relations toxiques. C’est en le voyant chez d’autres personnes qu’on réalise que ce n’est pas normal. Cela nous a fait du bien d’en parler. C’est vrai que j’aborde des sujets difficiles. Je parle quand même de violence dans le dernier single Glass Box. Je pense que le fait d’en parler est une manière de partager nos blessures et peut-être de les soigner petit à petit. Je ne dis pas que l’EP a guéri tous nos traumas mais cela fait du bien d’en parler. Sur la couverture de Wounds, je présente mon cœur vers le public. C’est ma manière d’extérioriser mes blessures.

Et en même temps, il y a un côté rythmé dans tes chansons…

Oui. Ce n’est pas dépressif non plus. J’aime bien jouer sur le fait que certaines chansons ont un tempo plus rapide alors que les paroles sont tristes. Il y a un peu cette contradiction dans ma musique. Par exemple, sur la chanson D.U.K. qui parle de rupture amoureuse, il y a une mélodie entrainante sur laquelle on pourrait danser en contraste avec les paroles hyper tristes.

Tu as participé à toutes les étapes, de la production à l’écriture, de l’EP ainsi qu’à l’aspect visuel. Est-ce important pour toi de mettre ta patte dans tout ce qui touche à ton projet ?

Oui, tout-à-fait. Je suis une personne très visuelle. Quand j’ai écrit mes chansons, je savais déjà quelle esthétique je voulais. J’aime bien toucher à tout. Je suis intéressée par plein de domaines différents et c’est important pour moi que mon projet me représente totalement. Même si je ne fais évidemment pas tout toute seule, vous verrez ma patte dans tout ce que vous allez voir dans le projet, que ce soit dans le graphisme, dans la photo ou la vidéo. J’aime bien avoir mon mot à dire sur tout.

Tu es d’origine bolivienne. Tu as d’ailleurs participé à un festival de musique bolivienne en ligne dernièrement. Ce pays reste très important pour toi. De quelle manière influence-t-il ta musique ?

Je suis née en Bolivie et j’ai grandi là-bas jusqu’à mes 18 ans. La Bolivie est donc très importante pour moi. Cela se ressent sur ma musique dans le sens où je chante en partie en espagnol. Ce n’est peut-être pas évident mais je m’inspire également de certaines sonorités latinos et du folklore bolivien. Cela reste subtil mais la culture bolivienne est une véritable inspiration.

Dans tes influences, tu cites Sevdaliza qui intègre le côté oriental dans une musique moderne. T’en inspires-tu pour faire pareil avec la Bolivie et ton univers musical ?

Cela se fait naturellement car j’ai commencé à écrire ma musique quand j’avais 12 ou 13 ans. J’écrivais déjà dans plusieurs langues à ce moment-là. Sevdaliza est iranienne et habite aux Pays-Bas. Comme moi, elle a une double nationalité. Je me suis vraiment retrouvée en elle et dans sa musique. C’est également une artiste qui attache beaucoup d’importance au côté visuel et à l’esthétique. Je me suis sentie un peu soutenue de voir qu’il y a d’autres femmes artistes qui me ressemblent un peu.

Justement, si tu pouvais choisir un artiste avec lequel collaborer. Qui choisirais-tu ?

En ce moment, j’aime beaucoup cette chanteuse qui s’appelle Nathy Peluso. Elle est argentine mais elle habite en Espagne. Elle fait plutôt de la musique latino, salsa ainsi que du reggaetton. Je pense que le mélange de nos deux énergies pourrait être intéressant. Une musique qui bouge mais qui serait un peu mélancolique en même temps. En Belgique, j’aime beaucoup Oscar and the Wolf.

J’ai entendu que tu avais envisagé de suivre des études de psychologue. Penses-tu que le fait d’observer le comportement des autres a une influence sur ton écriture ?

Depuis toute petite, j’avais envie d’être psychologue parce que j’avais lu les BD Les Psy, tout simplement. Je pense que je suis intéressée par l’humain en général. J’adore observer les gens dans le métro, essayer de savoir quels sont leurs soucis, leurs bonheurs, etc. Comme on l’a évoqué, j’ai écrit Wounds en partie sur les histoires d’une amie. Cela me fait du bien d’inclure les autres dans mon histoire.

Tu travailles beaucoup avec ton frère et ta famille sur ton projet. Ta famille est importante pour toi ?

Elle est très importante pour moi. On est une famille très soudée. On a beaucoup voyagé entre la Bolivie et la Belgique. En tant qu’enfant, ce n’est pas évident de toujours déménager et de changer d’école. Mes meilleurs amis ont toujours été mes frères et sœurs, ma maman et mon papa. On s’entend super bien. On partage beaucoup de choses dont l’art et la musique. Ce sont des personnes très créatives et talentueuses. Je profite qu’ils soient à mes côtés pour m’aider.

Tu as participé à la saison 7 de The Voice. Que retires-tu de cette expérience ?

Je venais de finir mes études en communication. Je n’avais pas vraiment prévu de participer à l’émission. J’ai été repérée grâce aux covers que je faisais sur YouTube. Je me suis dit que cela pourrait être un bon challenge. Au final, c’est grâce à The Voice que je me suis rendu compte que j’avais envie de faire de la musique professionnellement. Cela m’a permis de m’assumer. Le fait de travailler avec des professionnels tels que les ingénieurs du son, les musiciens, la production et les autres candidats, dont certains sont déjà pros, cela permet de se rendre compte à quel point c’est complètement un autre monde de faire des covers amateurs sur Internet. Je me suis dit : « j’adore la scène, c’est vraiment ce que je veux faire. »

Toi qui aimes toucher à tout, te vois-tu assumer d’autres fonctions artistiques ?

J’adore la direction artistique. J’aime également écrire des scénarios pour des clips ou même des films. Je travaille déjà avec d’autres artistes de manière informelle. J’aime travailler sur l’aspect visuel. Je collabore également avec ma sœur qui est styliste. Au-delà de la musique, je vais continuer à travailler dans le domaine culturel et artistique et pourquoi pas, pour le cinéma. Je veux continuer à développer ma créativité. Le fait de m’impliquer dans tous les domaines artistiques me permet d’avoir plus de contrôle sur mon projet. Avec la philosophie du Do It Yourself, de plus en plus d’artistes s’autoproduisent à domicile. J’enregistre ma musique chez mes parents dans la chambre de mon frère. À l’heure actuelle, on a tous les outils à disposition pour être créatif sans avoir nécessairement besoin de faire appel à d’autres personnes pour produire ce qu’on veut.

Peux-tu nous parler de tes projets musicaux pour la suite ?

Bien sûr. Je viens d’enregistrer un tout nouveau single avec un autre artiste. Je ne dévoile rien de plus car je ne sais pas encore quand cela va sortir. Je commence aussi à travailler sur mon prochain EP. Je me sens très inspirée en ce moment. Peut-être que le fait d’avoir sorti mon premier EP m’a soulagée et m’a donné l’envie de me lancer sur un autre projet.

On s’imagine que tu te réjouis de pouvoir jouer tes chansons en concert.

Oui. J’ai encore des contacts avec des festivals en ligne comme celui auquel j’ai participé pour la Bolivie vendredi. Un festival organisé pour encourager les gens à rester chez eux vu le confinement. J’espère vraiment pouvoir monter sur scène dès que possible. Je vous tiens au courant dès que j’ai des dates confirmées. Je ne veux pas vous donner de faux espoirs en vous disant : « on se voit cet été ! »  alors que ce n’est peut-être pas vrai. On croise les doigts !

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