En 2018, Léa Pochet s’illustrait à The Voice Belgique dans l’équipe de Bj Scott. On lui a rapidement associé un univers très rock, qu’elle essaie pourtant de varier. Et ce, malgré une situation sanitaire très compliquée qui l’empêche de retrouver son endroit préféré: la scène.
A quand remonte ton dernier concert ?
Léa: J’ai eu la chance de pouvoir profiter de l’accalmie de l’été pour jouer à Jamoigne et à Arlon. Il y avait un peu de monde, c’était plutôt chouette. Ca me manque beaucoup et j’ai le sentiment que je vais devoir attendre encore longtemps. C’est déjà compliqué de base pour trouver des dates en tant qu’amateur, alors comment ça va se passer pour « l’après » ?
Tu as un peu peur de passer à la trappe, alors ?
Léa: Oui un peu. Ce n’est déjà pas évident de se démarquer en tant qu’artiste. Les professionnels dont c’est l’activité principale auront la priorité et c’est normal, mais j’ai peur que cela écrase les plus petits.
Tu travailles solo mais également en groupe avec Léa Pochet and the Confused. Est-ce que cette situation te force à choisir l’un ou l’autre ? Comment vois-tu l’avenir ?
Léa: Je suis hyper demandeuse des deux en fait. Cela apporte des choses, des sentiments différents sur scène. En groupe, on se soutient, c’est plus rythmé, le public est plus dedans. Seule, c’est intéressant parce que plus intimiste. C’est beaucoup plus personnel. Je me trompe peut-être mais j’ai l’impression qu’il sera plus facile d’avancer seule. Avec le groupe, le cachet gonfle évidemment. Et les organisations n’auront pas forcément l’argent pour les payer décemment. Toute seule, je peux demander moins. Peut-être pas gratuitement mais je pense que baisser la recette ne serait pas un problème, tant j’ai envie de remonter sur scène. Evidemment, si l’orga est prête à mettre plus et à booker le groupe, je suis d’accord ! Je ne vis pas de ma musique. Mes parents me soutiennent financièrement. Ce n’est pas grave. Tout ce que je demande, en fait, c’est d’être reconnue et de m’imposer un peu plus chaque jour.

Tu n’as pas chômé depuis tes derniers concerts. Malgré la situation, tu as sorti deux titres, en novembre et il y a quelques jours.
Léa: Oui, Livin’ in Sin est sorti en novembre et a été enregistrée en studio à Bruxelles. C’est un single très rock, et on m’a souvent étiquetée comme telle. C’est une facette de mes envies artistiques mais pas la seule.
La Nuit, ton premier enregistrement en français, par exemple, est très différent de ce titre.
Léa: J’écris beaucoup de ballades, parfois plus pop comme La Nuit en effet.
Par contre, les thèmes abordés sont souvent similaires..
Léa: Oui, La Nuit par exemple est très mélancolique. Je ressasse beaucoup le passé, en me demandant « Qu’est-ce-qu’il se passerait si ? ». L’introvertion, c’est un peu le sujet principal de mes morceaux. Et je remarque qu’en français, les gens le remarquent davantage. Parce que c’est leur langue et qu’ils n’ont pas le choix que de s’intéresser à ce que je raconte. Pourtant, mes autres titres sont aussi assez tristes.
Est-ce que ces retours t’ont donné envie de continuer à écrire en français ?
Léa: Bien sûr. Au départ je ne me sentais pas vraiment légitime, ça parait parfois compliqué de s’exprimer dans sa langue, parce qu’on me comprend, et je me dis: « Vont-ils trouver ça intéressant? ». J’ai parfois peur qu’on me trouve médiocre. Mes chansons sont un peu autobiographiques, ça m’aide à aller mieux. Du coup, je m’ouvre encore plus au public. Pour l’instant, j’improvise un peu et j’écris en fonction de mes envies, donc pourquoi pas en français, comme les retours sont bons.
Comment te lances-tu dans l’écriture ? Suis-tu un processus, un canevas ?
Léa: Je n’ai pas une façon d’écrire particulière. Ca vient souvent naturellement. J’aurais la matière pour faire un album, mais pour l’instant je ne sais pas si je veux les enregistrer ou pas ou si je vais partir sur complètement autre chose. J’avance au jour le jour. C’est devenu une habitude pendant l’ennui du confinement…