Just Mustard, tout simplement

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L’Irlande n’en finit pas de nous surprendre. Après avoir croisé le chemin des talentueux Silverbacks ou encore d’avoir pu se perdre dans le dernier Fontaines D.C, la nouvelle pépite du pays à trèfles s’appelle Just Mustard. Cinq musiciens pour une shoegaze poétique aux accents noise jusqu’à la trip-hop, c’est avec Heart Under, leur deuxième opus que le groupe vient marquer au fer cette année 2022 déjà riche en musique !

Fraîchement signé chez Partisan Records (IDLES, Cigarettes After Sex,…), Just Mustard s’est fait reconnaitre dans ce petit monde avec un premier opus convaincant qui n’a pas manqué de plaire au public mais aussi par les connaisseurs comme Robert Smith qui n’a pas hésité à inviter le groupe à ouvrir pour The Cure pour quelques dates en Irlande. Nous pouvons annoncer également leur présence au mythique festival de Glastonbury cette année ! Non content de cette fulgurante ascension, le quintet nous propose Heart Under, un album où les frontières du style ont tout simplement éclaté pour se balader avec élégance dans différents univers. Ici, le groupe nous invite à oublier les clichés, les codes et propose un album décomplexé. Attention, une seule écoute ne suffira pas à digérer la galette. Mêlant les difficultés personnelles et les expérimentations sonores des musiciens, nous sommes face à un album riche qui demande plus d’une écoute pour en apprécier les subtilité.

L’aventure commence sur le morceau 23, aux inspirations dreampop. Un morceau tout en douceur pour découvrir la voix de cette fabuleuse chanteuse pour ensuite nous amener vers le plus acide Still qui vient rappeler le côté shoegaze du groupe avec cette petite pointe de noise qui fait clairement la différence, mettant en avant les élucubrations des pédales d’effets. Ce qui marque avec ce projet, c’est l’atmosphère digne d’une bande originale d’un Lynch possédé. Derrière la rythmique monstrueuse et les cris de guitare, la voix de Katie Ball se promène à travers les delays et les reverbs en série pour créer un mur de lamentations, une façade de son. Un moment inoubliable de l’album et où le talent prend son envol est le non-retour atteint à partir du morceau Early. Nous ne savons pas expliquer le pourquoi du comment, mais cela fait très longtemps que les mots nous ont manqué pour exprimer la beauté d’un morceau. Le groupe nous parle là avec un langage inconnu, dans un Portishead sous LSD avec des accents des débuts d’Ozark Henry saupoudrés de la nouveauté d’un groupe tel que Psychotic Monks. Le groupe livre ici ce qu’il fait de mieux depuis les 30 premières minutes de l’album qui nous ont préparés à cette extase de rock, tout en puissance.

Enchainé avec la suite logique, Sore, l’album nous emmène loin en musique pour ne jamais en revenir. L’hypnotisant Mirrors aux harmonies éthérées nous rappelle ce cher Robert Smith jusqu’à Rivers qui viendra clôturer l’album de la meilleure des façons. Que dire ? Une production parfaite mélangeant tout ce qui fonctionne sur la scène underground à l’heure actuelle, le tout en dix titres. On n’aura même pas eu le temps de s’ennuyer. Du post-punk dans la rythmique, du noise dans le son et du psyché dans la voix, le tout emballé dans un écrin moderne qui ouvre sans doute la voie à de nouvelles sonorités.

Effectivement, pour nous, cet album est véritablement une pierre angulaire. Frôlant la perfection, Just Mustard arrive à se sortir de la masse et à proposer un vent de fraîcheur dans une scène fertile qui nous propose trop souvent des albums qui se ressemblent. Ici, il n’en est rien et la prise de risques ne restera pas dans l’ombre. L’album de l’été ? Pluvieux alors… L’album de l’année ? L’avenir nous le dira, mais Heart Under s’inscrit comme une claque monumentale dans ce paysage de rockeurs un poil dépressifs. Décrit comme un voyage en train sous un long tunnel par les membres du groupe, il sera de bonne augure de miser sur les natifs de Dundalk pour les années à venir.

Les Irlandais seront sur la petite scène du Witloof Bar au Botanique le 19 octobre 2022 pour défendre ce projet haut en noirceur, un abysse de reverb qui nous emportera. On s’y voit ?

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