Personnage loufoque de la scène alternative rap francophone, Jakbrol est de retour avec un second EP. Intitulé Brutal & Susceptible, Théo évolue dans sa musique, pour notre plus grand plaisir. Rencontre !
Attention ! Poser des questions précises à Jakbrol relève du défi tant la discussion est naturelle avec lui. Adepte du franc-parler et de la papote, nous le retrouvons au soleil avec le sourire.
Quel est ton sentiment à la sortie de cet EP ?
Je suis soulagé que ça soit enfin sorti, cela me permet de pouvoir passer à autre chose et d’accomplir d’autres idées que j’ai dans la tête depuis un bout de temps. J’en suis satisfait en tout cas et c’est le principal.
On sait que tu aimes bien mettre la main à la pâte pour tes projets avec notamment la réalisation de ton dernier clip Village.
Pour être honnête cela a été un vrai casse-tête à réaliser, j’ai même plusieurs fois failli jeter l’éponge. Je ne suis pas monteur professionnel mais j’avais envie de me donner ce challenge et d’apprendre par moi-même en autodidacte pour avoir le fruit de mon idée. Au final cela été un vrai combat mais je suis très fier du résultat pour les moyens investis, l’huile de coude.

On a pu te croiser sur la scène des Ardentes jusqu’aux Francos de Spa. Deux scènes, deux ambiances, l’une plus rap, l’autre plus concentrée sur tes textes. Raconte-nous ce retour sur scène !
Oui c’est clair que les ambiances étaient différentes mais au final, c’étaient deux très beaux festivals. D’un côté le premier concert a été une vraie fête avec un gros partage avec le public tandis que celui des Francofolies était plus calme et posé. C’est toujours un plaisir de pouvoir faire des concerts, c’est là où je me lâche à fond et où je me peux mettre toute mon énergie dans le live.
Ton EP comporte quatre morceaux aux ambiances bien distinctes, une belle suite au premier. Le premier album est pour quand ?
J’estime ne pas encore avoir la maturité nécessaire pour un premier album. Là j’ai mis sur Internet l’équivalent d’un projet mais sortir un album c’est un tout autre challenge et je ne pense pas pouvoir en être satisfait à mon niveau actuel.
Plus proche de la chanson à textes, de la chanson française ou du rap, du coup ?
Beaucoup plus rap. Des morceaux comme Géométrie ou encore Matoub ce sont des petits plaisirs personnels et des petits clins d’œil à mes influences mais je veux revenir à mes bangers !
Avec ces nombreux concerts, est-ce qu’il y en a un que tu retiens comme le meilleur de tous ?
En mars 2019 j’ai fais l’AB Club et c’était clairement la folie. J’adore les publics un peu saouls, d’ailleurs, je préfère quand les gens bougent et pogottent que d’analyser mes textes en faisant la moue. Quand tu es sur scène, tu as l’impression que le mec regrette d’être venu alors qu’en faites pas du tout, il a adoré !

Tu as eu l’occasion de travailler avec Lionel Capouillet (Stromae,..) pour le mixage de certains morceaux du projet.
J’adore Lionel (rires) ! Je suis un grand fan de son travail sur l’album Racine carrée de Stromae, c’est un album qui tue et la production est de niveau international. C’était donc une évidence d’essayer de travailler avec lui mais je le pensais hors de mon budget et de mon niveau. J’ai tenté ma chance et tout s’est très bien passé, c’est quelqu’un de très sympa et son travail sur Village, Matoub et Géométrie est tout bonnement incroyable.
Tu es très actif sur les réseaux que ce soit TikTok mais surtout Instagram. Les rappeurs ont plutôt tendance à être très critique avec leur image sur ces plateformes alors que tu es plus décomplexé, plutôt Jakbrol ou Théo ?
Jakbrol n’est pas un personnage pour cacher Théo. Sur mes réseaux je partage un peu l’envers du décor et en même temps je me lâche un peu. C’est clair que je ne partage pas toutes les galères et les embûches que j’ai pu rencontrer pour n’importe quel projet mais je cherche à toucher mon public et à partager avec lui de la façon la plus naturelle possible et de mettre en avant mon travail.
Les médias te décrivent comme un rappeur engagé à travers ton titre Géométrie ou encore ta vision du racisme et de l’homophobie dans Village. Qu’en penses-tu de cette image ?
Être artiste engagé c’est un peu bateau… Pour les migrants par exemple, qui oserait aller a l’encontre du fait que ça soit un drame et une catastrophe. Il y a par exemple très peu d’artistes de droite à l’heure actuelle. J’ai critiqué la chasse dans Village mais au final est-ce que c’est un texte engagé ? Je ne crois pas. Peu de sujets me touchent, beaucoup m’intéressent et grâce à la magie des mots, je peux partager mes ressentis autour d’un sujet avec des gens qui ont pu le vivre pour de vrai. J’ai par exemple pu chanter Géométrie devant des migrants qui ont vécu ce passage et ils ont été touchés par mon texte. C’était une vraie récompense d’avoir les mots juste sur un sujet qui m’est extérieur malgré moi et c’est tout ce que je recherche.
Quatre morceaux qui n’ont rien à rougir face au dernier OrelSan, Jakbrol revient très fort sous les feux des projecteurs. Un artiste touchant bien loin de son surnom « d’Angèle chauve » et qui mérite vos deux deux oreilles. Entre sensibilité, confessions et claques sur les clichés, le projet Brutal & Susceptible est disponible partout et on vous le recommande !
