Avec Not Without My Gods, The Amitty Affliction signe probablement son album le plus heavy depuis ses débuts. Sorti ce 12 mai, l’opus s’enfonce dans l’esprit de ses créateurs et en ressort quelque chose de puissant psychologiquement parlant.
À la première écoute du dernier album de The Amity Affliction, on ne va pas vous mentir, on n’est pas vraiment transportés. C’est, pour nous, un constat assez récurrent les concernant : on ne décolle jamais vraiment, et l’ensemble nous paraît parfois un peu plat, bien qu’appréciable. Mais c’est en creusant un peu sur le contenu, l’histoire que raconte le quatuor australien, que l’album prend une nouvelle dimension.
Le single Show Me Your God, sorti en novembre 2022, introduit d’emblée le sujet : on y parle de God (Dieu), comme une métaphore d’un autre mot de trois lettres : gun (arme). « Show me your god; Does he come with a clip?; Are his teeth made of steel?; Is there death in his grip?« . Le frontman, Joël Birch, expliquera : « l’Amérique est comme une seconde résidence, pour le meilleur et pour le pire. Ils ont par exemple cette culture des armes, qui sont la première méthode de suicide dans le pays. Je ne peux rien y faire, mais je voulais retranscrire ce que ça aurait signifier pour moi si j’étais né là-dedans. » Le titre nous fera rapidement comprendre que le groupe a décidé d’aller au plus heavy : on sent un instrumental plus dur que d’habitude, contrebalancé par un chant clair d’une douceur implacable. C’est un peu leur patte à eux : à la fois brutal et mélodique, une ambivalence poussée à son paroxysme dans cet album, It’s Hell Down Here et Not Without My Ghosts (ft Phem) en tête.
En tout cas, une chose est sûre : le thème de la mort s’écoule lentement de chanson en chanson. Like Love évoquera le suicide d’un ami du bassiste et chanteur clean, Ahren Stringer, là où It’s Hell Down Here, justement, reflètera celui d’un ami de Birch… Une dynamique qui transpirera jusque dans I See Dead People, leur featuring avec Louie Knuxx, rappeur néo-zélandais décédé en 2021 inopinément et laissant derrièrelui ce titre particulièrement sombre et intense. Sans doute le titre le plus percutant jamais enregistré par les Australiens.
Sur les thèmes abordés, le frontman admettra écrire pour lui, « sur ce que je ressens. Mais j’écris en sachant que je ne suis pas le seul à vivre tout ça. » En d’autres termes, le public peut se retrouver dans ces récits et c’est même ce qu’il recherche : que chacun puisse s’approprier ses textes, en allant chercher au plus profond de lui (ça nous rappelle d’ailleurs notre interview de Ben Ville, chanteur de InVisions, à retrouver ici).
Bref, si l’album ne nous a pas tant touchés d’un point de vue purement musical, cette mise en perspective nous permet de l’apprécier à sa juste valeur malgré tout. C’est rude psychologiquement, c’est intense dans la finition. C’est du grand The Amity Affliction, qui ravira ses fans autant qu’il pourra créer des émules. Rendez-vous au Graspop le mois prochain pour le confirmer…
