L’expérience itinérante du Roadburn

Le samedi 20 avril, nous avions rendez-vous pour la première fois au Roadburn Festival de Tilburg, aux Pays-Bas, un festival stoner/psyché à la dynamique surprenante.

La musique, c’est avant tout une expérience, à la fois sensorielle et sociale. Et ça, le Roadburn Festival de Tilburg semble l’avoir très bien compris. Spécialisé dans le stoner et le psyché, ce festival ne se restreint toutefois pas du point de vue des genres. De la dark electro au hardcore en passant par le sludge ou le post-rock, le psychédélique a été mis à l’honneur pendant quatre jours dans cette petite ville des Pays-Bas.

Au premier coup d’oeil, l’aventure peut s’avérer déconcertante : le public fait la file pendant le concert, espérant pouvoir y entrer, ne serait-ce que pour cinq minutes ; les spectateurs sont en effet comptés et une fois la limite atteinte, interdiction d’entrer avant que quelqu’un d’autre ne sorte, même si la salle n’est pas pleine à craquer. On doit bien l’avouer, on a mis du temps à s’en accommoder. Faire la file pendant un festival, très peu pour nous ! Mais c’est finalement une journée riche en découvertes que nous avons vécue sur place.

Elle commencera avec les belges de TAKH, et leur doom atmosphérique envoûtant. TORPOR suivra sur une note plus heavy, où sludge et post-metal se rencontrent pour une expérience fascinante, enveloppant la salle de sons lourds, de grosses percussions, et d’une esthétique proche du black metal. Une découverte particulièrement intéressante, annonçant de belles choses pour la suite. Et quelle suite ! Les Français de Birds in Row deviendront sans forcer notre premier coup de coeur de la journée. Interprétant Gris Klein dans son intégralité, les Lavallois ont littéralement surfé sur les genres, entre punk hardcore mélodique, post-hardcore et stoner. Un style assez indéfinissable mais intense en émotions qui a conquis un public de plus en plus large ces dernières années et qui promet un avenir serein pour ce trio engagé.

La soirée se clôturera sur la pointure du jour : Cult Leader, jouant l’album A Patient Man dans son intégralité. Avec un hardcore d’abord incisif réveillant les spectateurs et ouvrant le pit, Cult Leader touchera également en plein coeur avec des morceaux bien plus calmes et pourtant plus lourds encore de sens. On plonge dans le mathcore, un style à la structure complexe, indéchiffrable en l’état mais terriblement efficace. L’univers torturé et sombre de Cult Leader ne laissera personne de marbre et conclura cette journée de découvertes sur une note plus que magistrale.

Le Roadburn, c’est donc avant tout une expérience qui brasse les genres et fait sortir le commun des mortels de sa zone de confort. De sa zone de confort mais aussi de sa zone de pensées : le Roadburn, c’est aussi un rendez-vous engagé où diversité est probablement le maître mot. La quasi-absence de visages féminins dans les festivals de metal (souvent décriés pour cela) ne se ressent pas ici ; TORPOR, TAKH, Ragana, HIDE.. soit plus de la moitié de l’affiche leur faisait honneur. La transidenté n’est d’ailleurs pas non plus un sujet tabou : Uboa ou encore Agriculture en sont de véritables témoins. Une dimension à souligner tant elle a pu faire débat par le passé… Comme quoi, le metal ne se résume pas àtesto et gros bras.

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