Du mulet, de la bière et de la sueur, la recette est magique. On ne présente plus le groupe Australien qui s’amuse à enchaîner les scènes au même tempo que leurs riffs endiablés. Véritable coup de cœur après leur concert au Botanique, The Chats présentent leur quatrième projet sobrement intitulé : Get Fucked.
Dans un paysage musical qui multiplie les couches de fond de teint pour travestir le manque de tripes, les Chats décident d’y mettre un high kick. Ici, pas de chichis. On oublie les nappes de synthés, les 24 coauteurs et on pousse l’ampli à 11. Fidèle à sa cover, le groupe envoie le monde se faire foutre à travers des chansons sur leur quotidien de jeunes punks. 6L GTR, petit hommage à leur van de tournée, Struck By Lightning qui parle du coup de foudre au sens littéral et également Ticket Inspector, course poursuite avec un contrôleur des transports. Simple, rapide et tellement vrai.
Derrière une production faussement garage et des sujets dérisoires (I’ve Been Drunk In Every Pub In Brisbane), la formation du Queensland revient en force. Si on ne peut pas appeler ça de la maturité, on peut trouver de l’expérience quand ces gamins de 20 ans réussissent à évoluer dans un style pouvant vite être répétitif. Treize titres résolument punks, créés pour les pogos et le headbang, on ne va pas s’en plaindre. Pour les avoir vus en concert lors de leur apparition cette année au Botanique, nous sommes surpris à quel point l’énergie est respectée autant sur scène qu’en studio. On s’éclate même sur notre sono, un détail à ne pas négliger tant parfois cet aspect est un gros défaut.
Get Fucked, ce sont des montagnes russes qui ne s’arrêtent jamais et une attraction qui a le bon goût de ne pas nous proposer que des loopings. Ce qu’on aime, pour être direct, c’est la simplicité de celui-ci. Une cover faite à la sortie du studio, un nom idiot trouvé en blaguant et un quatrième projet qui est loin, très loin d’être un simple objet. Entre passion et hommages, les Chats n’ont pas renié leurs ancêtres malgré le succès et on se demande sérieusement où vont-ils s’arrêter. The Price of Smokes est un morceau fort représentatif de l’album. Un sujet banal (la montée du prix des cigarettes), un rythme basique du punk, mais un songwriting tellement efficace. Telle une discussion de bar, cet album nous rappelle les débats de soirées interminables, celles qui n’ont de sens que pour ceux qui sont encore survivants à table. Getting Better, véritable hommage aux Ramones, nous offre un final explosif, un dernier verre avant de rentrer de ce beau moment avec les Chats.
On aimerait bien savoir la formule magique… Comment font-ils pour taper si juste? Un riff, un bridge, un chorus, un solo, rien n’est inventé, tout est sublimé. C’est carré, rien ne dépasse, les chansons s’arrêtent brusquement, les intros nous emportent, c’est chirurgical et ça parait pourtant tellement simple. Il n’y a tout simplement rien à jeter dans ce projet qui vient écraser l’année 2022 d’un doigt vers le ciel. L’air de rien, et avec en plus un changement de lineup, le groupe arrive à surprendre une quatrième fois pour ce qui est sans doute leur meilleur projet à l’heure actuelle. Petit fils d’AC/DC et fils des Cosmic Psychos, les Chats sont maintenant grands, volent de leur propre ailes dans ce van miteux et nous rappellent que du rock avec des tripes, c’est toujours mieux.
